Au Burkina Faso, une lutte soutenue contre le cancer du sein

Au Burkina Faso, une lutte soutenue contre le cancer du sein

Ouagadougou – Lorsqu’elle va à la rencontre des femmes de sa communauté, Rosalie Ziba ne se lasse pas de relater son histoire. Secrétaire à la retraite et mère de trois enfants, elle est consciente qu’elle a été sauvée d’un mal silencieux qui peut ronger le corps longtemps avant d’être détecté. En 2002, elle avait constaté la présence d’une boule dans son sein et cela avait immédiatement attiré son attention. « Au travail, j’avais entendu dire qu’il faillait palper régulièrement ses seins à la recherche de toute anomalie, et nous avions eu une démonstration sur comment le faire. Alors dès que j’ai noté ce changement dans mon sein un matin, je me suis rendue sans tarder à l’hôpital pour en avoir le cœur net. Le médecin a entrepris des examens pour en connaître la nature. Quelques temps plus tard, j’ai constaté une autre boule sous mon aisselle. L’équipe médicale a réagi rapidement et il s’est avéré en fin de compte que j’étais atteinte de cancer. »

Des efforts soutenus

Au Burkina Faso, le cancer du sein représente 12,3 % des cancers et il est le plus fréquent, après celui du col de l’utérus situé à 21,6%. Pour faire reculer ces chiffres, le gouvernement a mis en place une stratégie de lutte qui met l’accent sur la prévention. De cette stratégie découlent de nombreuses initiatives publiques et privées encourageant les femmes à se faire dépister. Le ministère de la Santé a ainsi élaboré un programme national de lutte basé sur la prévention et œuvre dans ce sens avec diverses associations et ONG.

Une des structures luttant contre les cancers féminins dans le pays est l’Association des Femmes atteintes et affectées par le cancer (AFAC), qui a été créée en 2006 par Rosalie. Elle regroupe 50 femmes leaders âgées de 30 ans à 70 ans qui conduisent de nombreuses activités : séances de sensibilisation sur les facteurs de risques, causeries débats, projections de films, démonstrations techniques d’autopalpation des seins etc…

L’implication des leaders communautaires comme Rosalie est au cœur du processus mis en place par le gouvernement. Ces acteurs sont indispensables pour la mobilisation, la promotion, l'acceptation, et l’utilisation des services de prévention du cancer du sein. Leur connaissance des communautés et leur familiarité avec les us et coutumes leur permettent de mieux convaincre les femmes à se rendre dans les structures sanitaires offrant des services de prévention du cancer.

D’autres volets de la stratégie nationale portent sur la construction d’un centre de cancérologie à Ouagadougou, et le soutien aux personnes malades qui bénéficient d’une approche pluridisciplinaire incluant leur famille élargie dans le processus d'évolution de la maladie.

Plus fortes ensemble

En mettant l’accent sur la détection précoce par l’autopalpation des seins suivie par l’examen par un prestataire de santé en cas de doute, plusieurs vies sont sauvées car la plupart des patientes se font consulter à un stade avancé de la maladie.

« Une femme m’a dit un jour que si elle avait reçu ces informations plus tôt sur le dépistage du cancer, elle aurait découvert elle-même son mal à temps avant d’être à un stade avancé », explique Rosalie.

L’AFAC œuvre en conjonction avec d’autres associations engagées dans la même lutte. Elles organisent entre autres des rencontres d’échanges sur leurs préoccupations communes, ainsi que des séances de dépistage gratuit, des conférences sur les cancers, et des voyages d’études dans la sous-région africaine. « Depuis le départ, nous avons travaillé avec 10 associations et ONG qui ont aussi la même vision que nous », précise Rosalie. « Ensemble, nous avons sensibilisé près de 6 000 femmes à travers le pays. Ensemble, nous sommes plus fortes contre le cancer. »

Un appui multiforme

Au Burkina Faso, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) œuvre aux côtés du gouvernement pour faire de la lutte contre le cancer une priorité. « L’OMS a appuyé le ministère de la Santé dans l’évaluation préalable de l’état des lieux de la lutte contre le cancer. Les constats et recommandations qui en ont découlé ont servi de base à l’élaboration de la Stratégie nationale de lutte contre le cancer et du plan stratégique de lutte contre le cancer au Burkina Faso pour la période 2021-2025 », explique la Représentante de l’OMS au Burkina Faso, Dr Alimata Diarra-Nama.

Les efforts du pays, appuyé par les partenaires, ont permis par ailleurs d’atteindre d’autres résultats notables dont l’instauration des mesures de gratuité pour le dépistage des cancers gynécologiques, l’existence de l’offre de soins en chirurgie cancérologique, et la construction en cours d’une unité de radiothérapie à Bogodogo, pour ne citer que ceux-là. L’appui de l’OMS a en outre été déterminant pour mettre en place une association nationale de soins palliatifs qui offre des services visant à prévenir et à soulager les douleurs physiques et la souffrance des patients.

Rester à l’écoute de son corps

Guérie du cancer depuis 10 ans maintenant, elle jouit d’une vie agréable et en bonne santé. A 65 ans, elle est très active et organise ses journées autour de la visite aux patients. « Je les reçois soit chez moi ou je leur rends visite, selon leur choix. Nous respectons les mesures barrières mises en place pour nous protéger de la propagation de la COVID-19, une autre maladie dangereuse dont il faut beaucoup se méfier. »

Lorsqu’elle n’est pas avec les patients, Rosalie se consacre aux activités qu’elle apprécie : cuisiner pour sa famille, faire de la marche, sortir avec ses amis.

« Je suis la preuve qu’on peut guérir du cancer, surtout si le dépistage est fait à temps. Mon expérience me permet d’inspirer les autres et de leur donner courage. A ce jour, je suis heureuse d’avoir personnellement soutenu une vingtaine de femmes diagnostiquées. Avoir le cancer ne veut pas dire qu’on va forcément mourir. Je voudrais dire à toutes les femmes de surveiller leur santé, d’avoir une hygiène de vie saine, de pratiquer l’autopalpation ou de se faire dépister régulièrement. »

Pour elle, la vigilance reste de mise. « Lorsque je vais à la rencontre de mes sœurs et mères, je reviens toujours à mon même message : soyez attentives à votre corps ; cela peut vous sauver la vie ! Dès que vous constatez un changement, n’hésitez pas à consulter un médecin. Assurez-vous de vous faire dépister régulièrement, pour ne pas prendre de risques, car rien n’est plus précieux que la vie. »

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Kadijah Diallo

Chargée de communication
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SANON Edith

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