Au Congo, les crieurs publics en action contre la COVID-19
Brazzaville - Face au risque d’une deuxième vague de cas de COVID-19 et avec le relâchement notoire des mesures barrières par la population, la Coordination nationale en charge de la riposte contre la COVID-19 intensifie les activités de communication et de sensibilisation du public. A Brazzaville et dans tous les départements du pays, des crieurs publics sont mis à contribution.
« Compte tenu de l’importance du respect des mesures barrières, nous n’attendons pas que nos concitoyens viennent vers l’information, nous la leur faisons parvenir là où ils se trouvent par le biais des crieurs publics. Ils sont munis de mégaphones et vont de quartiers à quartiers ainsi que dans les lieux publics pour relayer les messages de sensibilisation », déclare Dr Jean-Claude Emeka, président de la commission Communication des risques et engagement communautaire à la Coordination nationale de lutte contre la COVID-19.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a fourni un appui technique sous forme de dissémination de lignes directrices, de modules de formation et d’autres orientations pour la communication en situation d’urgence et la communication sur les risques et engagement communautaire.
« La communication des risques permet de fournir les connaissances essentielles aux populations pour qu’ils assument leur part de responsabilité dans la réponse à l’urgence sanitaire. Une communication sur les risques efficace permet aux populations de comprendre et de mettre en pratique les comportements à adopter pour se protéger et protéger également les autres. Pour ce faire, nous avons estimé que les crieurs publics sont des relais efficaces avec la communauté », explique Dr Ernest Dabiré, manager de l’incident au bureau de l’OMS Congo.
Anabelle Miemoukanda et Anselme Moutantou sont tous deux agents communautaires rattachés au district sanitaire de Madibou, un arrondissement au sud de Brazzaville. Ils font partie des près de 2 000 crieurs publics recrutés et formés pour porter les messages à la population dans les 12 départements du pays.
Précédemment engagés dans les activités de vaccination et promotion de santé publique, c’est tout naturellement qu’ils ont rejoint la lutte contre l’épidémie de la COVID-19.
« Notre rôle c’est de préserver la santé et le bien-être des populations », déclare Anselme. « Nous les sensibilisons sur l’existence réelle de la maladie, les mesures barrières à observer. Pour qu’ils s’intéressent à nos messages, nous parlons en langue locale qui est ici le Lari. »
Mégaphone en main, il parcourt les artères et autres marchés en reprenant les messages de prévention clés : « Concitoyens, concitoyennes, nous sommes en urgence sanitaire. Il faut respecter les gestes simples d’hygiène qui protègent nos vies. Lavez-vous toujours les mains avec de l’eau et du savon, plusieurs fois par jour. Ne sortez jamais sans votre masque ; portez-le correctement en vous assurant que votre nez et votre bouche sont couverts. Maintenez autant que possible une distance de sécurité en parlant avec les autres. »
A part les marchés et autres lieux de rassemblement, les crieurs publics se rendent aussi dans les quartiers. Ils essaient d’identifier les moments propices durant lesquels les membres de la famille sont présents à domicile pour faire passer les messages. « Nous allons à pied dans les quartiers pour porter les messages à nos concitoyens, pour qu’ils soient vigilants et qu’ils ne baissent pas la garde face au virus », explique Anabelle.
Gaëlle, une mère de famille de 37 ans, a entendu les crieurs relayer ces messages la première fois alors qu’elle était à la maison : « J’étais à la maison ; je faisais les travaux ménagers. Le crieur disait que la maladie existe, il répétait des messages nous appelant à la prudence et nous informant des gestes essentiels à adopter. Il a aussi donné des conseils pour les enfants, en nous disant qu’il fallait discuter de la maladie avec eux et s’assurer qu’ils en comprennent les dangers et qu’ils se protègent. Par exemple, il a dit que les enfants ne doivent plus serrer la main de quiconque, que ce soit à l’école ou dans la rue, et que dès qu’ils reviennent de l’école, ils doivent se laver les mains à l’eau et au savon avant de rentrer dans la maison. »
La stratégie de sensibilisation de proximité par les crieurs publics porte ses fruits. Gaëlle décrit comment les choses ont changé à leur domicile depuis le passage du crieur public : « Nous avons placé un seau à l’entrée de la maison pour laver les mains, et nous avons acheté plus de masques pour ne pas être en rupture. Je pense que c’est une très bonne chose que les crieurs viennent s’adresser à nous. C’est une bonne initiative. Cela nous rappelle la réalité du moment et nous encourage à faire attention. »
Les campagnes de sensibilisation avec les crieurs publics sont mises en œuvre par phases. La première phase a eu lieu de mars à juin 2020, et depuis, ce sont des campagnes de rappel qui sont organisées de manière successive à Brazzaville et dans les départements, appuyés dans les grandes agglomérations par les véhicules lanceurs.
Récemment, l'OMS a mis en garde contre un relâchement qui entraînerait une seconde vague de contaminations. La mise en œuvre de mesures innovantes de communication des risques reste essentielle pour maintenir la vigilance de la population face à la pandémie.
« Nous voulons que les gens comprennent que les mesures barrières sont à leur propre avantage. Ils ne portent pas le masque pour quelqu’un, et ils ne respectent pas les autres mesures pour quelqu’un : c’est d’abord pour eux-mêmes qu’ils le font. C’est pour leur propre bien et celui de leur famille », conclut Anselme Moutantou.