L’OMS et la revitalisation des districts sanitaires
Intensifier le processus en accélérant la mise en place et le bon fonctionnement des organes de cogestion
La revitalisation des districts sanitaires constitue un défi majeur pour le Gouvernement du Congo et l’ensemble de ses partenaires techniques et financiers dans le domaine de la santé. Elle est perçue comme le gage de l’offre des soins de santé primaires, principal fondement pour l’atteinte de la couverture sanitaire universelle. Cette réalité justifie autant la place importante qu’occupe cet objectif prioritaire dans le Plan national de développement sanitaire (PNDS) 2018-2022, d’une part, et dans le document de Stratégie opérationnelle 2020-2021 de l’OMS/Congo, d’autre part. Ces deux documents, dont le dernier s’aligne indubitablement au premier, ont largement puisé leur substance référentielle dans le treizième Programme Général de Travail de l’OMS (PGT13), essentiellement basé sur les objectifs du « Triple Milliard » et les Objectifs de développement durable (ODD).
Le district sanitaire constitue le niveau opérationnel de mise en œuvre des interventions du PNDS. Il est composé d’aires de santé incluant notamment des centres de santé gravitant autour d’un hôpital de base ou de district. La revitalisation des districts sanitaires est un processus. Son but est de créer un cadre et des conditions propices à un accès équitable et à moindre coût aux soins et services de santé pour les populations au niveau du district sanitaire, conformément aux principes fondamentaux du système des soins de santé primaires. La revitalisation des districts sanitaires induit inéluctablement une amélioration systématique des indicateurs de santé et, ipso facto, le renforcement des performances à différents niveaux du système national de santé.
Or, il est connu que parmi les défis majeurs qui entravent l’accès des populations aux services et aux soins de santé, il y a essentiellement : le faible niveau d’information des populations concernant l’utilité des centres de santé ; l’utilisation limitée des formations sanitaires par les communautés ; la faible participation communautaire au fonctionnement du district sanitaire, notamment la cogestion des formations sanitaires ; les insuffisances dans la gestion des formations sanitaires et du système de santé du district et, les faibles capacités des autorités locales dans la gestion de la santé publique.
La participation et l’engagement communautaire est d’une importance capitale, voire fondamentale, dans ce processus. Le bon fonctionnement d’un système viable de l’offre des soins de santé de qualité et à moindre coût est, dans une très large mesure en effet, tributaire de l’implication volontaire et consciente des populations et de la communauté elle-même, de concert avec un personnels de santé aux capacités opérationnelles et managériales adéquates et appropriées.
Au Congo, la réponse communautaire aux divers défis auxquels le pays a été confronté dans le domaine de la santé, s’est exprimée à travers l’implication de trois entités distinctes : (i) les organes de participation communautaires : les Comités de santé (COSA) et Comité de gestion (COGES), (ii) les agents de santé villageois puis les relais communautaires et (iii) les Organisations non gouvernementales (ONG).
La revue conjointe entre le ministère de la santé et le bureau de l’OMS au Congo, tenue au premier trimestre sur la mise en œuvre des activités en 2020 a, non seulement émis un satisfecit face aux avancées obtenues dans le cadre de la continuité des soins, en dépit de la concentration sur la gestion de la pandémie de la Covid-19, mais également, a fortement recommandé d’intensifier les efforts dans la dynamique de la revitalisation des districts sanitaires. « Soutenir le pays à sauver des vies en gérant de la manière la plus efficace possible cette épidémie reste notre priorité, certes. Mais cela ne doit en aucun cas entamer notre volonté et esprit de résilience, moins encore notre détermination à œuvrer pour relever les indicateurs de santé au niveau périphérique, communautaire », a relevé à cet effet le Représentant de l’OMS au Congo, le Dr L. Manga.
Pour répondre à cette recommandation, l’OMS a essentiellement focalisé son plan d’action du second trimestre 2021 sur la mise en place et la redynamisation des comités de santé et autres organes de cogestion dans les aires de santé des districts sanitaires. « Nous ne pourrions accompagner efficacement le gouvernement dans ce domaine et atteindre les résultats escomptés, sans avoir des aires de santé effectivement fonctionnelles. On ne peut prétendre à une revitalisation d’un district sanitaire sans aires de santé de district réellement fonctionnelles. Celle-ci constitue le socle basique de la réussite de la revitalisation des districts sanitaires, vers lequel nous aspirons en vue d’un meilleur accès aux soins et services de santé pour les populations congolaises », a indiqué le Représentant de l’OMS au Congo dans le cadre des orientations aux Coordonnateurs départementaux de l’OMS (CDO).
Ainsi, depuis le mois d’avril, les équipes de l’OMS, avec la participation des cadres du niveau central et départemental du ministère en charge de la santé, ont amorcé des missions dans les différents départements. L’objectif principal de ces missions est d’apporter l’appui technique et financier en vue d’intensifier le processus de revitalisation des districts sanitaires en accélérant la mise en place et le bon fonctionnement des organes de cogestion. Ceci, bien entendu, en ne perdant pas de vue l’appui continu des actions dans le cadre de la gestion de la Covid-19, encore présente.
Précisant les contours de cet objectif, le Représentant de l’OMS au Congo a précisé : « Nous devons nous concentrer sur le triptyque « Comité de santé (COSA) - Centre de santé intégré (CSI) - Communauté », a précisé le Représentant de l’OMS. Il s’agira de focaliser notre action sur les 3 piliers du renforcement de l’offre et de la demande des soins de qualité au niveau de l’Aire de Santé. L’objectif est, à très court terme, s’assurer du fonctionnement effectif des 24 aires de santé cibles de la Stratégie Opérationnelle de l’OMS-Congo d’ici à fin Juin 2021 et, à long terme, cette stratégie vise l’autonomisation de chacune des 24 Aires de Santé ciblées », a-t-il ajouté.
Pour le Représentant de l’OMS, l’institution a mis en place tous les atouts pour accompagner de façon pragmatique et efficiente la mise en place et le bon fonctionnement des organes de cogestion des organes de cogestion, dans les trois composantes ci-dessus évoquées.
Aussi, depuis l’amorce du second trimestre 2021, le processus de la revitalisation des districts sanitaires reprsa vitesse de croisière. Dans ce cadre, le Directeur Général des Soins et Services de Santé (DGSSSa), le Pr Henri Germain Monabeka, a séjourné avec l’équipe de l’OMS dans le département des Plateaux du 20 au 25 avril 2021.
Témoin et acteur de la mise en place des bureaux des comités de santé (COSA), notamment dans les aires de santé d’Ekouassende et de Ngania-Tsongo, dans le district sanitaire d’Abala, le Pr Monabeka s’est entretenu avec les équipes cadres et le personnel de santé des Districts sanitaires de Gamboma et de Ngo-Mpouya. Il a insisté sur la problématique de la décentralisation des soins et services de santé dans le cadre de la revitalisation des districts sanitaires, et a apprécié à sa juste valeur cette approche stratégique et opérationnelle de l’OMS. « Je suis heureux d’être un témoin privilégié de la pertinence des actions de l’OMS sur le terrain. Son approche stratégique et opérationnelle dans le processus de revitalisation des districts sanitaires basée essentiellement la mise en place et le renforcement des organes de participation communautaire et agents communautaires à travers la cogestion, relève d’un pragmatisme hautement appréciable », a souligné le DGSSSa.
Dans le département du Niari, le Directeur départemental des Soins et Services de Santé, le Dr Joseph Moutou, a été avec l’équipe de l’OMS à Mossendjo et à Moungoundou Sud. L’évaluation de la fonctionnalité du comité de santé et l’identification des priorités réalisées au CSI de Mossendjo, de même que l’analyse situationnelle et la signature par le Sous-Préfet de Moungoundou Sud de la Note de service mettant en place le comité de santé, sont des effets de la mission dans ce département.
« Grâce à l’effectivité et la consolidation de la fonctionnalité des aires de santé des districts sanitaires et à l’appui que nous apporte l’OMS, de concert avec tous nos partenaires techniques et financiers, a indiqué le Dr Moutou, nous pourrons certainement relever le faible niveau d’information des populations sur l’utilité des centres de santé, la faible utilisation des structures sanitaires par les communautés, la faible participation communautaire au fonctionnement du district sanitaire notamment la cogestion des structures sanitaires, l’insuffisance dans la gestion des formations sanitaires et du système de santé du district et, les faibles capacités des autorités locales dans la gestion de la santé publique ».
A l’observation, on note des effets positifs particulièrement concrets de la mise en œuvre de la stratégie opérationnelle de l’OMS en soutien au processus de la revitalisation des districts sanitaires, en dépit des aléas et autres contraintes générés par la Covid-19, dans les départements de la Lekoumou et de Pointe-Noire.
Dans la Lekoumou, selon le Dr Ollion, Directeur départemental des Soins te des Services de la Santé, à la fin de l’année 2020, les centres de santé de Komono et Mayéyé ont présenté un niveau appréciable de développement des capacités financières afin d’améliorer l’offre des services notamment le renouvellement de stock en médicaments, la réalisation des stratégies avancées et mobiles de vaccination et l’entretien des centres. En effet, l’épargne financière générée est passée de 0 franc cfa (de janvier à août 2020) à 440 000 francs (de septembre à décembre 2020) pour le CSI de Mayéyé soit 13,48% des recettes annuelles et de 0 franc cfa à 305 950 francs Cfa soit 12,97% des recettes annuelles pour le CSI de Komono.
Au niveau du district sanitaire de Sibiti, département de la Lékoumou, deux (2) aires de santé (Komono et Mayéyé) sur seize (16) que compte le district, ont été retenues prioritaires. Selon les critères de fonctionnalité préalablement établis, ces centres de santé sont en cours de fonctionnalité. Malgré la faible définition, les centres de santé ont des populations de responsabilité ce qui justifie à court terme le recensement médical (dénombrement de la population) en vue d’obtenir le dénominateur qui servira d’estimer avec exactitude les cibles (enfants de moins de 5 ans, femmes enceintes, etc…) et de calculer les indicateurs. Les 2 centres de santé ont un effectif de plus de 5 agents de santé.
« En dépit du contexte marqué par la survenue de la pandémie de Covid-19 en 2020, l’appui de l’OMS a permis aux centres de santé de disposer du paquet minimum d’activités standard notamment les soins curatifs, préventifs et promotionnels grâce à la formation des agents de santé. L’OMS a aussi soutenu la formation de renforcement des capacités des gestionnaires des pharmacies et des centres de santé à une meilleure gestion des médicaments et autres intrants afin d'améliorer la qualité de l’offre dans leurs structures. Les centres de santé ont bénéficié de l’OMS d’un stock initial en médicaments essentiels et équipements », a souligné le Directeur départemental de la Lekoumou.
« Nous remercions particulièrement l’OMS, a-t-il poursuivi, pour son appui efficace et appréciable dans le processus de développement/ rationalisation des centres : l’organisation des assemblées générales d’élection transparente des membres de comités de santé en présence des autorités locales (Sous-préfets, chefs de quartier, de zone et des blocs) traduisant ainsi la notion d’une émanation de la volonté populaire. Les centres de santé disposent actuellement des comités de santé représentatifs intégrant dans sa composition 1 secrétaire chargé des relations avec les peuples autochtones ».
Les missions dans le cadre de l’accélération la mise en place et le bon fonctionnement des organes de cogestion dans les districts sanitaires se poursuivent dans les départements. La moisson s’avère d’ores et déjà visiblement florissante. Il apparait clairement, que le renforcement de la fonctionnalité effective des aires de santé qui passe par la mise en place d’un cadre organique et structurel que constitue le Comité de santé dans les aires et districts de santé est, sans nul doute, une approche stratégique et opérationnelle adéquate et optimale pour donner une réelle impulsion à la revitalisation efficiente des districts sanitaires, condition sine qua non du relèvement des indicateurs de santé et, ipso facto, de la promotion de la santé dans le pays. L’atteinte de la couverture sanitaire universelle en dépend !