Choléra: le Katanga reste l’une des provinces de la RDC la plus touchée par l’épidémie
Plus de la moitié de ses Zones de santé (43/68) sont en épidémie. A elle seule, cette Province du Sud-est de la RDC a déjà notifié plus de 70% de cas du pays depuis le début de l’année 2013
Lubumbashi (RDC), 25 Mai 2013 -- Au 22 mai 2013, la Division provinciale de la Santé (DPS) du Katanga a notifi é un total cumulé de 10.780 cas de choléra, dont 253 mortels, depuis le début de l’année 2013, touchant 6 Districts sanitaires de la province. Le taux moyen de létalité est de 2,3% dans l’ensemble du
Katanga, mais il avoisine 5,3% dans certaines zones de santé telles que Pweto (631 cas avec 34 décès) ou encore 7,7% à Kabondo-Dianda (757 cas dont 59 décès).
Dans cette dernière zone du District sanitaire du Haut-Lomami, très peu de partenaires s’étaient manifestés pour mettre oeuvre les activités de prévention et de prise en charge des malades en raison de diffi cultés d’accessibilité de la zone. Mais depuis début mai 2013, considéré comme le mois du début de la saison sèche, les équipes de MSF et de l’OMS constatent une nette baisse du nombre de patients admis dans les Centres de traitement du choléra (CTC) de la province.
“Si les efforts ne sont pas redoublés pour contrôler le choléra avant les prochaines pluies de septembre prochain, l’épidémie pourra sérieusement menacer d’autres provinces non encore affectées comme le Kasaï Occidental, le Kasaï Oriental, le Maniema ou encore la République de Zambie, pays voisin de la RDC, plus au Sud de Lubumbashi”, explique le Dr Vital Mondonge, épidémiologiste de l’OMS en charge du contrôle et prévention des maladies transmissibles en RDC.
Dans le même temps, le total de cas enregistrés par la province place le District sanitaire de Lubumbashi, également capitale provinciale du Katanga en tête avec 6.318 cas dont 57 décès (taux de létalité: 0,9%). Médecins Sans Frontière (MSF), sections Hollande et France ont mis en place deux CTC pour y soigner les malades de la ville de Lubumbashi. Les autres partenaires (OMS, UNICEF, ALIMA, Hope in Action, MDA, Solidarités International etc) ont fourni des intrants et renforcé la sensibilisation de la population sur les mesures d’hygiène individuelle et collective à observer.
Au total, 9 Centres et Unités de traitement du choléra ont été mis en place par les partenaires du Ministère de la Santé Publique dans les différents Districts sanitaires de la province, bien que la couverture géographique reste encore faible.
L’un des CTC dans lequel MSF opère se trouve à Katuba, l’un des quartiers les plus défavorisés dans l’approvisionnement en eau potable et fortement touchés par l’épidémie. “Plus de 2000 patients ont été pris en charge dans le CTC que nous avons ouvert début février 2013 dans la zone de santé,” indique Aurélien Sigwalt, Responsable MSF-F dudit CTC. Expliquant les récentes et fréquentes fl ambées de choléra dans le Chef-lieu du Katanga, il note que “le plus grand danger ici pour la population, ce sont les coupures intempestives d’eau et d’électricité en ville”, poussant les habitants à recourir à l’eau insuffi samment chlorée ainsi qu’à des sources non aménagées correctement.
En collaboration avec l’Ecole de Santé Publique de Lubumbashi, les épidémiologistes de l’OMS en mission d’évaluation de l’épidémie ont apporté leur appui aux autorités provinciales dans l’analyse des facteurs de risque locaux du choléra. Parmi ceux-ci, il y a lieu de citer entre autres: a) la défectuosité et le vieillissement du réseau de distribution de l’eau de la REGIDESO qui accuse des trous à plusieurs niveaux de la tuyauterie et expose l’eau à la contamination, particulièrement durant la période de basse pression; b) la gestion défaillante des eaux usées - notamment les eaux de toilette - qui se mélangent souvent avec les eaux de ruissellement des pluies et contaminent ensuite les puits d’eau, les rivières, et l’environnement immédiat des habitations; c) la vente des légumes et d’autres denrées alimentaires à même le sol dans les petits marchés locaux, généralement en début de soirée; d) l’insuffi sance du contrôle sanitaire dans les restaurants et les établissements publics, etc.
A Lubumbashi, ville de près de 2 millions d’habitants, les quartiers Sud - Katuba, Kenya, Kampemba et Kamalondo - qui connaissent des fortes concentrations de population avec une hygiène précaire, sont les plus affectés par l’épidémie. “Les puits d’eau peu profonds forés par les habitants entrent souvent en contact avec les fosses septiques et constituent un des facteurs de risque majeurs pour la propagation du choléra”, précise pour sa part M. Pierre Makoyo Kalonda, Directeur provincial de la Régie de distribution d’eau (REGIDESO). Cette société d’Etat ne couvre actuellement que “65% des besoins en eau potable de la ville, au moment où la demande demeure supérieure par rapport à l’offre”, ajoute-t-il.
Selon lui, “l’une des mesures que les autorités provinciales devraient prendre était d’abord d’interdire le forage des puits pirates qui ne respectent pas les normes d’hygiène dans ces zones à haut risque de choléra”. Les autorités provinciales s’étaient engagées à mettre en oeuvre un projet de distribution d’eau en milieu urbain “ afi n d’atteindre, à long terme, 95% du taux de couverture en eau potable pour la population”.
Avec ses partenaires du secteur de la santé (UNICEF, MDA, Hope in Action, MSF- France & Hollande, ADRA, ALIMA, Croix-Rouge de la RDC, etc), l’OMS renforce la coordination des efforts dans la lutte contre le choléra pour répondre aux besoins de la population dans les zones les plus touchées, en y fournissant notamment des intrants, tout en insistant sur une intervention multisectorielle.
Par ailleurs, la présence de nombreux déplacés internes - environ 16.000 personnes - dans la localité de Lwambo (District sanitaire de Likasi), à près de 200 km au Sud-ouest de Lubumbashi a poussé l’OMS à travailler en étroite collaboration avec le HCR en vue d’apporter, dans les tout prochains jours, une assistance humanitaire constituée des kits sanitaires d’urgence ainsi que du matériel médical pour renforcer les capacités de prise en charge de ces personnes vulnérables au Centre de santé de Disanga II. Ces déplacés ont fui les violents affrontements qui opposent, depuis plusieurs semaines, les forces gouvernementales (FARDC) aux miliciens du chef de guerre Gédéon Kyungu Mutanga dans ce qu’on appelle communément “le triangle de la mort” - Pweto, Manono et Mitwaba - situé dans le Centre du Katanga.
En raison de l’ampleur de cette situation d’urgence, l’OMS s’est engagée à fournir davantage d’intrants médicaux pour traiter des personnes souffrant de diarrhées ou encore d’infections respiratoires, plus particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans.
Pour des informations supplémentaires, veuillez contacter:
Dr Joseph Waogodo Caboré, Représentant de l’OMS en RDC
Courriel: caborej [at] cd.afro.who.int
M. Eugène Kabambi, Chargé de Communications, OMS/RDC
Courriel: kabambie [at] cd.afro.who.int
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