Aminata, guérie d’Ebola, est devenue « garde malade »
NZEREKORE-GUINEE : Quand on lui a annoncé sa contamination par Ebola, Aminata MILLIMONO s’est crue condamnée. Cependant, prise en charge au Centre de traitement (CT- épi) de N’Nzérékoré, Aminata est sortie guérie. « Quand on m’a dit que j’avais Ebola, je me suis dit que ma vie est finie », raconte aujourd’hui la sexagénaire, à la tête d’un foyer de huit enfants. « Mais quand j’ai été admis au Centre de traitement, le premier comprimé que j’ai pris a soulagé la diarrhée. Et, cela m’a donné un peu d’espoir. La prise en charge était efficace et on m’auscultait à chaque moment. Les infirmières et les médecins sont très attentionnés. Les conditions dans lesquelles on traite les malades remontent beaucoup le moral et donnent de l’espoir ».
Aminata MILLIMONO est l’une des premières personnes guéries depuis la réapparition du virus Ebola en Guinée, le 14 février dernier. Dès la notification du premier cas dans la préfecture de N’Zérékoré, les autorités guinéennes ont pris des dispositions, en collaboration avec l’OMS, pour contrecarrer la résurgence de cette épidémie.
Infectée après un enterrement
Aminata MILLIMONO, qui faisait les travaux champêtres pour subvenir aux besoins de son foyer, a été infectée par le virus au contact de sa nièce. Celle-ci avait assisté à l’enterrement d’une infirmière qui travaillait dans un centre de santé à Gouécké, près de la ville de Nzérékoré, au sud-est du pays, début février. « Je me suis rendu au chevet de ma nièce pour la soutenir », raconte la sexagénaire. « Mais sa maladie persistait, elle vomissait, elle était fatiguée et faisait une forte fièvre. Finalement elle a succombé. Je me suis rendue à la morgue pour toucher une dernière fois à son corps avant son enterrement. Après l’enterrement, j’ai eu une forte fièvre et la diarrhée ». Nous avons passé un appel à la Direction préfectorale de la Santé et un certain Dr ENOGO, épidémiologiste à l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a dépêché une ambulance pour me chercher à la maison et me conduire au centre de traitement ».
Guérie en deux semaines et réintégrée dans sa communauté
Au centre de traitement, Aminata Millimono reçoit des médicaments fournis aux autorités sanitaires locales par l’OMS dans le cadre de la riposte contre la maladie à virus Ebola. Deux semaines plus tard, Aminata était guérie et libre de rejoindre son domicile. « Quand je suis sortie du centre de traitement, j’ai rendu visite à mon amie, qui était ravie de me voir. Je n’ai pas du tout connu de stigmatisation quand je suis rentrée à la maison après mon traitement. Et mes enfants et mes proches se sont tous fait vacciner dès le lancement de la campagne de vaccination contre Ebola, puisqu’ils étaient des cas contacts. » Avec un ratio de 200 vaccinés en moyenne par jour, les activités de vaccination se poursuivent dans les localités ciblées, tout en suivant les contacts et leurs contacts ».
Le soutien de l’OMS… et le volontariat au Centre de traitement
Après sa guérison, Aminata MILLIMONO s’est très vite engagée à aider les autres malades, à sa manière. « J’étais motivée et les médecins m’ont proposé de venir aider au CT- épi comme garde malade. Au début, je m’occupais d’une nourrice qui était admise au centre de traitement. Je m’occupais de son bébé et faisais en sorte qu’ils aient tout ce dont ils ont besoin.
Depuis le départ de la nourrice, je continue d’aider le personnel et les malades dans la mesure du possible et de façon volontaire ».
Joviale, « Amy », comme tout le monde l’appelle, est devenue la « maman » des infirmières et médecins du centre de traitement.
Dans le quartier, elle sensibilise les habitants à la nécessité d’être vacciné pour se prémunir contre la maladie à virus Ebola et les exhorte à se présenter aux services compétents dès qu’ils en perçoivent les symptômes. « Une équipe de l’OMS est venue me rendre visite pour me réconforter et apporter son soutien en termes de kits sanitaires. Au centre, je les voyais tous les jours quand j’étais malade. Et c’est très important pour un malade que quelqu’un se préoccupe de lui. »
A propos de l’épidémie Ebola en Guinée
C’est le 13 février 2021 que la résurgence de l’épidémie Ebola a été confirmée en Guinée avec un premier cas notifié à Gouéké dans le district sanitaire de Nzérékoré. A ce jour, 23 cas dont 16 confirmés, et 7 probables ont été enregistrés, répartis entre la Sous-préfecture de Gouécké et la Commune urbaine de N’Zérékoré. Un total de 12 décès a été enregistrés (5 confirmés et 7 probables). Par ailleurs, 242 contacts sont en cours de suivi; tandis que 7 425 personnes ont été vaccinées y compris le personnel de santé en première ligne dans la riposte.
Pour mémoire, la première épidémie d’Ebola survenue entre 2014-2016 avait fait plus de 11 000 morts dans les trois pays de l’Union du fleuve Mano, en Afrique de l’Ouest, à savoir la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone.
Représentant de l’OMS en Guinée
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