Ebola : plus de guérisons grâce à des soins « révolutionnés »
Veste de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur le dos et baskets aux pieds, Marta Lado effectue sa visite quotidienne au centre de traitement des patients atteints de la maladie à virus Ebola (MVE) de N’Zérékoré, dans le sud-est de la Guinée. A l’entrée du petit établissement, des membres du personnel de santé se savonnent les mains en discutant gaiement.
« J’ai eu l’honneur de participer à l’élaboration de nouvelles normes de traitement pour cette maladie qui était auparavant considérée comme ayant un taux de létalité de 50 % », explique Marta Lado à l’ombre du bâtiment. Ici, le taux de guérison est de 70 %. « La survie des patients atteints de MVE s’est considérablement améliorée avec la nouvelle approche que nous avons mise au point. »
Cette approche repose sur trois principes : des centres de traitements plus sûrs et plus accueillants au lieu des tentes sous lesquelles les patients étaient placés en rang, des soins individualisés adossés à une surveillance permanente du personnel de santé, et de nouvelles thérapeutiques développées après les précédentes épidémies.
Marta Lado connaît bien les difficultés liées au traitement d’Ebola. Avant de rejoindre l’OMS en 2018, la docteure travaillait en Sierra Leone lorsque l’épidémie de 2014-2016 a causé la mort de 11 000 personnes en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée. Spécialiste de la médecine tropicale et passionnée par la famille des maladies virales hémorragiques, l’Espagnole se penche alors sur la prise en charge des patients.
« A cette époque, nous n’avions pas de directives claires ou de recommandations de normes de soins pour prendre en charge les patients », explique-t-elle. « Mais nous avons constatés que lorsque les patients atteints de la maladie à virus Ebola étaient pris en charge en Europe, ils guérissaient, alors que des cas similaires mourraient sur le terrain. »
Envoyée en République démocratique du Congo (RDC) en 2018 pour prendre part à la riposte à une autre épidémie d’Ebola, Marta Lado participe à l’élaboration et à la mise en œuvre de meilleurs standards de soins et à l’usage de nouvelles thérapeutiques.
« C'était une joie et un privilège de faire partie d'une équipe aussi incroyable avec l’objectif clair d'améliorer la survie des patients affectés par la MVE, ainsi que de contribuer au renforcement des capacités dans la gestion des cas de patients critiques dans un contexte de faibles ressources. »
La structure des centres de traitement est peu à peu repensée. Les CETEPI sont désormais construits autour de « cubes » mis au point par l’ONG Alliance for International Medical Action (ALIMA). Dans ces cubes aux parois transparentes offrant une visibilité depuis la « Zone verte », les patients disposent de leurs propres toilettes et d’une douche, ce qui offre un meilleur confort et permet au personnel soignant de contrôler l’état du patient et de communiquer avec lui de l’extérieur, sans avoir à revêtir d’épaisses combinaisons étanches. Ces équipements de protection individuelle (EPI) ne servent que pour les soins nécessitant de s’approcher du patient, dans la « zone rouge » où le risque d’infection est élevé. Par ailleurs, le patient peut recevoir la visite de ses proches grâce à une fenêtre placée à l’arrière des chambres. Les soins sont ainsi mieux compris et acceptés par la communauté, ce qui est fondamental pour convaincre du bien fondé de l’isolation des malades.
En outre, voir l'intérieur des chambres sans avoir à y entrer permet aux professionnels cliniques de surveiller les patients à tout moment, même depuis la « zone verte », sans EPI. Ceci réduit la pression sur le personnel et facilite la prestation de soins critiques et spécialisés 24 heures sur 24.
« Nous avons 19 chambres avec une vitre qui communiquent avec la zone verte, où une équipe d'infirmières et de cliniciens se relaie en permanence », explique le Dr Modet Camara, responsable de l’équipe médicale pour le compte de l’ONG ALIMA. « Les cubes transparents permettent de placer auprès du patient un moniteur qui peut être vu par l'équipe de l'extérieur pour que ses signes vitaux soient contrôlés en permanence. Cette structure permet également à la famille de voir les patients et de leur parler, ce qui contribue à leur rétablissement et à lever les réticences dans la communauté. »
Sur les 15 cas confirmés admis au CETEPI de N’Zérékoré depuis la résurgence du virus Ebola, dix ont survécus, six sont décédés, dont deux à leur arrivée au centre. Le dernier patient, dont l’entourage se montrait sceptique quant à l’existence du virus, a pu recevoir de la visite et leur montrer dans quelles conditions il était pris en charge. Cette visite a permis aux équipes de sensibilisation et vaccination d’entamer un dialogue avec la communauté dont est issu le patient. Par ailleurs, d’anciens malades travaillent désormais au centre en tant que « garde malade », ce qui est essentiel pour accompagner les enfants et les patients à la mobilité réduite.
« Cela a révolutionné la façon dont nous contrôlons et intervenons auprès des patients en temps réel, de même que cela a amélioré les normes de traitement, principalement pour les cas critiques qui nécessitent une sorte de structure de soins intensifs », explique Marta Lado. « L’intervention de l’OMS mènera sans aucun doute à renforcer le système de soins de santé qui servira à traiter d’autres maladies et dans d’autres structures de santé. »
L’objectif est aujourd’hui de passer à 100 % de guérisons. La docteure rentrera d’abord au siège de l’OMS, à Genève, où elle est basée, pour affiner les recommandations techniques et cliniques qui permettent d’améliorer la prise en charge des malades en période d’urgence.
Bientôt, précise Marta Lado, « des procédures de gestion clinique standard actualisées seront disponibles pour être utilisés dans n’importe quel contexte où cela est nécessaire ».
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