Il faut la traiter la dépression comme une urgence
Mieux connaître la dépression, les facteurs favorisants, les signes annonciateurs, pour contribuer à la prévention en milieu professionnel et communautaire et apporter à temps l’aide nécessaire, notamment le recours précoce aux soins, tel est l’objectif visé par l’Association des Femmes du ministère de la Santé et de l’Action sociale (AFMSAS) en organisant, le 7 avril 2017 à Dakar, une conférence publique sur le thème de la Journée mondiale de la Santé « Dépression : parlons-en ». Avec la forte participation des « Badjenu Gox » (femmes leaders communautaires qui interviennent dans la prévention et l’orientation des populations vers les structures de santé).
L’initiative a été saluée par le Ministre de la Santé et de l’Action sociale qui a souligné le leadership de l’AFMSAS et encouragé l’action des « Badjenu Gox » qui jouent un rôle important de médiatrices entre les communautés, les familles et le système de santé.
A propos du thème « Dépression : parlons-en », le Pr Awa Marie COLL SECK a insisté sur l’ampleur de ce trouble mental courant qui représente le 4e motif de consultation au Centre Hospitalier National Psychiatrique de Thiaroye. Parmi les facteurs de risques, elle a mis un accent particulier sur la violence morale et psychologique. « La dépression peut toucher tout le monde, à tout moment, il faut la traiter comme une urgence. C’est pourquoi, la prévention, la vigilance individuelle et collective doivent être permanentes pour en détecter les premiers signes et apporter le soutien nécessaire », a indiqué le Pr Awa Marie COLL SECK.
Elle a remercié le Projet d’appui à l’offre et à la demande de soins (PAODES), financé par la Coopération technique belge, pour son soutien à la production du Guide prise en charge de la santé mentale, contribuant ainsi à combler les gaps dans un domaine où les besoins sont importants, notamment en matière de renforcement des compétences des professionnels de la santé.
Appuyant le plaidoyer du Ministre de la Santé et de l’Action sociale envers l’Etat et les bailleurs de fonds, le Représentant de l’OMS a lancé un appel à tous les partenaires techniques et financiers du secteur santé à apporter un soutien accru pour le développement d’un programme national de santé mentale au Sénégal.
Le Dr Deo NSHIMIRIMANA a félicité l’AFMSAS pour son appropriation du thème de la Journée mondiale de la Santé et pour avoir offert aux agents du département de la Santé et de l’Action sociale et au grand public l’opportunité d’obtenir des informations de qualité sur la dépression, sa prévention et sa prise en charge et d’échanger avec les spécialistes. « La dépression est évitable et traitable si elle est diagnostiquée tôt. Une alimentation équilibrée, l’exercice physique, le fait d’éviter des situations stressantes, l’usage nocif de l’alcool et la consommation de drogues constituent autant de stratégies permettant de prévenir la dépression », a soutenu le Représentant de l’OMS en délivrant le message de la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso MOETI.
Nier l’existence de la dépression en la désignant par un concept étranger, refuser d’en parler à un ami, un parent, un collègue ou de consulter un professionnel de la santé pour ne pas faire preuve de faiblesse et avouer la gravité de la situation, accuser une tierce personne pour éviter de recourir au traitement médical. Ce sont là autant d’attitudes et de comportements qui sont souvent adoptées par les personnes qui souffrent de la dépression.
Le diagnostic est fait par le Pr Aïda SYLLA, Psychiatre et psychothérapeute au Centre hospitalier national de Fann, qui a animé la conférence publique de l’AFMSAS.
Selon elle, la dépression est devenue très courante dans notre société. Une étude menée en 2013 au Centre Hospitalier National Psychiatrique de Thiaroye a montré que toutes les tranches d’âge sont touchées avec un pic entre 45 et 55 ans. La prédominance féminine est notée avec plus de 72% des cas. Plus de 20% ont des idées suicidaires et 6% ont tenté de se suicider.
Parmi les facteurs de risque de la dépression, le Pr Aïda SYLLA a cité la pauvreté, le chômage, les événements de la vie tels que le décès d’un proche ou une rupture sentimentale, la maladie, l’isolement, l’enfermement, l’absence de relations interpersonnelles, les conditions de travail stressantes.
Il s’y ajoute des périodes très favorables tels que l’âge de la puberté, la première grossesse et le post-accouchement, la ménopause, en raison de l’angoisse et du stress liés au manque d’expérience et des changements hormonaux, ainsi que les premiers mois de la retraite.
La dépression a des conséquences négatives. Elles peuvent se traduire par le manque d’estime de soi, la boulimie, l’insomnie, l’abus d’alcool et de drogue pour soulager la souffrance, la baisse des performances scolaires et professionnelles, la tentation suicidaire.
Pour prévenir la dépression, la spécialiste du Centre hospitalier national de Fann a fait les recommandations suivantes : le maintien d’un bon équilibre entre les heures de travail, de sommeil et de loisirs, la réduction de la charge de travail, le développement des interactions sociales, la lutte contre la routine quotidienne, l’automatisme qui caractérisent la vie moderne, le partage de ses préoccupations avec ses amis et collègues, la pratique régulière de l’exercice physique, l’exposition à lumière du jour, etc. En cas de doute, la meilleure conduite à tenir est de consulter un professionnel de santé ou de parler à une personne de confiance.
L’intégration des volets médical et social de la prévention et de la prise en charge des troubles mentaux, y compris la dépression, a été évoquée au cours de la conférence publique.
Selon le Dr Khadidiatou GAYE, Directrice générale de l’Action sociale, en plus de l’offre de soins, l’accompagnement psychosocial des personnes souffrant de troubles mentaux est une priorité du ministère de la Santé et de l’Action sociale. C’est ainsi que le Centre national de réinsertion sociale a été progressivement mis en place à partir de 2004, avec comme principales missions la prévention primaire, la réadaptation sociale, la réinsertion sociale à travers l’autonomisation par la formation professionnelle et la réadaptation à base communautaire, dans le cadre d’une approche multisectorielle.
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