Mettre les Technologies de l’information et de la communication au service de la Santé par l’élaboration et la mise en oeuvre d’une Stratégie nationale de cybersanté
Dakar a abrité du 28 au 30 octobre 2013 l’atelier sur les stratégies nationales de cybersanté en vue d’améliorer la santé des femmes et des enfants, organisé conjointement par l’OMS et l’UIT. Il a regroupé des responsables nationaux des ministères de la santé et des ministères ayant en charge les technologies de l’information et de la communication (TIC) : médecins, spécialistes des télécommunications, informaticiens, analyste/évaluateurs de projets. Les participants venaient du Burkina Faso, Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de Madagascar, du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal.
Mr Miguel Peixoto, Point focal e-Health au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique et deux de ses collaborateurs, Mr Housseynou Hamady BA, consultant eHealth de l’OMS/AFRO, Mr Getachew Sahlu, du Bureau Régional de l’UIT à Addis Abeba, Mr Hani Eskandar de l’UIT à Genève et le responsable TIC du Bureau OMS Sénégal ont assuré la facilitation et le Secrétariat de l’atelier.
L’intégration des TIC dans les systèmes de santé reste un objectif à atteindre pour de nombreux pays. Pour faciliter la mise en oeuvre de la recommandation numéro 3 de la Commission de l'information et de redevabilité pour la santé des femmes et des enfants, l'OMS et l'UIT collaborent pour renforcer leur soutien aux pays en matière de cybersanté.
Dans son allocution à l’ouverture de l’atelier, le Représentant de l’OMS au Sénégal, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, a souligné que les TIC peuvent apporter une contribution très importante dans la lutte contre les problèmes de santé dans les Etats membres de la région. Ce potentiel est reconnu à tous les niveaux de l'OMS comme en témoignent les résolutions sur la cybersanté qui ont été adoptées au niveau global et régional, exhortant les États membres à accélérer l'adoption des TIC dans leurs systèmes de santé.
La 58e Assemblée mondiale de la Santé a adopté en mai 2005 une résolution qui établit une Stratégie de cybersanté de l'OMS. La résolution prie le Directeur général de l'OMS de promouvoir une collaboration internationale et multisectorielle, de fournir un appui technique aux Etats Membres pour faciliter l’intégration de la cybersanté dans les systèmes de santé et de poursuivre la mise en place de mécanismes permettant de promouvoir des modes de vie sains et une meilleure connaissance des questions liées à la santé par l’apprentissage en ligne.
En 2010, une résolution du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique en 2010 appelle les pays à adopter et à mettre en oeuvre des stratégies en matière de cybersanté pour améliorer les systèmes de santé. En 2013, les Etats membres déclarent dans une seconde résolution qu’ils devraient s’efforcer d’améliorer leur infrastructure de TIC et créer un environnement propice à l’utilisation optimale des solutions en matière de cybsersanté.
Dans la Région africaine, l’UIT relève une croissance rapide des TIC, en particulier dans l'utilisation de la technologie mobile. Il existe également de nombreux programmes de cybersanté qui sont mis en oeuvre. Cependant, on assiste à la fragmentation de ces applications en raison de l'absence de stratégie nationale pour guider leur mise en oeuvre.
Face à cette situation, l'OMS et l’UIT ont élaboré conjointement une boîte à outils destinée à faciliter l’élaboration de la stratégie nationale de cybersanté.
Le Dr Diarra-Nama a exhorté les participants à identifier les éléments clés de cette boîte à outils qui sont utiles dans le contexte de leurs pays, et à les exploiter de façon efficace.
Au nom de Mr Andrew Rugege, Directeur régional de l'UIT pour l'Afrique, Mr Diadé Touré a prononcé l’allocution d’ouverture de l’atelier qui est le premier du genre à être organisé pour les pays francophones de la Région africaine sur l’utilisation des TIC pour améliorer la santé. Selon lui, les pressions croissantes exercées sur le système de santé des pays, tels que le vieillissement démographique, l’augmentation des maladies chroniques exigent plus d’efficience et d’efficacité et la production de prestations de services de santé de qualité.
« Aucune femme ne devrait perdre la vie lors d’un accouchement parce que la bonne information n’a pas été obtenue d’elle à temps, alors que des TIC sont disponibles. Aucune situation épidémiologique ne saurait être hors de contrôle parce que l’information n’a pas été diffusée assez tôt, alors que nous avons la couverture en téléphonie mobile à plus de 90% au plan mondial », a déclaré Mr Touré. Grâce à la collaboration entre les ministères de la santé et les ministères des TIC, nous espérons élaborer des plans efficaces permettant de mieux utiliser ces outils pour améliorer la santé des femmes et des enfants, un objectif commun pour nous tous, a-t-l ajouté.
Au cours des travaux, les participants à l’atelier sur les stratégies nationales de cybersanté ont eu de larges échanges avec les experts de l’OMS et de l’UIT sur le contenu de la boîte à outils de la Stratégie nationale e-Health. Elle constitue un mode d’emploi pratique, complet et détaillé qui s’adresse principalement aux administrations et institutions gouvernementales directement concernées, notamment les ministères de la santé et ceux des TIC. La boîte à outil peut être adaptée aux spécificités nationales sur les plans des politiques, des ressources et des attentes des populations.
Des travaux de groupe par pays ont permis aux participants de se familiariser avec l’utilisation de la boîte à outils. Les thèmes de réflexion ont porté sur la définition de la vision politique, les objectifs de la stratégie nationale de cybersanté, les structures et mécanismes de gouvernance, les défis, opportunités, les principes et les composantes qui doivent être pris en compte dans l’élaboration du plan d’action national, la collaboration entre les parties prenantes (ministères, institutions nationales, fournisseurs de réseaux internet, etc), la planification des phases de mise en oeuvre, la mobilisation des ressources, le suivi-évaluation. Les défis qui ont été identifiés varient selon les pays : faiblesse des infrastructures de télécommunications, faiblesse de la couverture en services et applications, absence de cadre de concertation entre les acteurs, le manque d’approche multisectorielle, inexistence d’une stratégie nationale, faiblesse de la législation, insuffisance de ressources humaines en quantité et en qualité en matière de cybersanté, problèmes liés à la disponibilité de l’énergie électrique et solaire.
Pourtant il existe des opportunités. Il s’agit de la volonté politique comme en témoignent l’existence du Plan stratégique sous régional cybersanté de l’Organisation ouest africaine de la santé (OOAS), la disponibilité de projets de documents de programme national pour le développement de la cybersanté au Mali, au Cameroun, l’existence du Plan d’action national pour réduire la fracture numérique au Sénégal. La disponibilité des partenaires au développement à apporter un appui technique et financier aux pays constitue également un atout majeur.
Les facilitateurs de l’OMS et de l’UIT ont mis l’accent sur la nécessité de poursuivre le plaidoyer au niveau des pays pour renforcer la volonté politique et de la traduire par l’élaboration et la validation de la stratégie nationale cybersanté, par le développement de l’approche multisectorielle et par des investissements dans les infrastructures et les applications. Les participants ont été informés de la disponibilité de certaines ressources financières au niveau du Bureau de l’OMS pour l’Afrique et de l’IUT et sont donc encouragés à soumettre, dans les meilleurs délais, des projets de demande de financement.
En définitive, le mot d’ordre qui a été retenu est « concevoir les outils TIC non comme des gadgets mais comme des outils utilisables pour innover, transformer le système de santé pour améliorer la santé des populations en général, des femmes et des enfants en particulier ».
« Aucune femme ne devrait perdre la vie lors d’un accouchement parce que la bonne information n’a pas été obtenue d’elle à temps, alors que des TIC sont disponibles. Aucune situation épidémiologique ne saurait être hors de contrôle parce que l’information n’a pas été diffusée assez tôt, alors que nous avons la couverture mobile à plus de 90% au plan mondial ».