Les décès liés à la COVID-19 en Afrique augmentent de plus de 40 % en l’espace d’une semaine
L’Afrique a enregistré d’une semaine à l’autre une progression de 43 % du nombre de décès liés à la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), alors que les taux d’hospitalisation sont en augmentation rapide et que les pays sont confrontés à des pénuries d’oxygène et de lits de soins intensifs.
A la date du 11 juillet 2021, en tout 6273 décès avaient été notifiés en une semaine, contre 4384 décès au cours de la semaine précédente. L’Afrique se trouve désormais à moins de 1 % du record de 6294 décès en une semaine, chiffre atteint au mois de janvier. Sur l’ensemble de ces nouveaux décès enregistrés la semaine précédente, 83 % sont survenus en Namibie, en Afrique du Sud, en Tunisie, en Ouganda et en Zambie. Le taux de létalité sur le continent, autrement dit la proportion de décès notifiés parmi les cas confirmés, s’élève actuellement à 2,6 %, alors que la moyenne mondiale est de 2,2 %.
Les cas de COVID-19 ne cessent d’augmenter depuis huit semaines, et la barre des six millions de cas a été franchie le 13 juillet 2021. Au cours du mois écoulé, un million de cas supplémentaires ont été signalés en Afrique. Il s’agit là de la période la plus brève pour une telle augmentation. À titre de comparaison, il a fallu environ trois mois pour passer de quatre à cinq millions de cas. Cette recrudescence de la maladie est la plus rapide jamais expérimentée sur le continent.
À l’origine de ce regain de la maladie se trouvent la lassitude du public à l’égard des mesures de barrières et la forte propagation des variants. Jusqu’à présent, le variant Delta, qui détient le record de transmissibilité parmi les variants, a été détecté dans 21 pays africains, tandis que les variants Alpha et Bêta ont été signalés dans 35 et 30 pays, respectivement.
« Le nombre de décès est monté en flèche ces cinq dernières semaines. Il s’agit là d’un signal d’alarme qui nous indique clairement que les hôpitaux des pays les plus touchés sont sur le point d’atteindre un point critique », a souligné Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique. « Les systèmes de santé nationaux, souffrant d’un manque de fonds, sont confrontés à une grave pénurie d’agents de santé, de fournitures, de matériel et d’infrastructures nécessaires à la prise en charge des patients touchés par une forme grave de la COVID-19 ».
Les taux d’hospitalisation sont en très forte hausse dans une dizaine de pays et au moins six pays sont confrontés à une pénurie de lits de soins intensifs. La demande d’oxygène thérapeutique a atteint des niveaux sans précédent avec une estimation actuelle de 50 % supérieure à celle observée pendant la même période en 2020. L’offre quant à elle n’arrive pas à suivre le rythme. Une évaluation rapide réalisée par l’OMS dans six pays faisant face à une résurgence a révélé que seulement 27 % de l’oxygène nécessaire est produit.
« Le premier élément à l’ordre des priorités pour les pays africains est de renforcer la production d’oxygène afin de donner une chance de s’en sortir aux patients touchés par une forme grave de la maladie », a déclaré Dr Moeti. « Le dernier rempart dans la lutte contre la COVID-19, c’est un traitement efficace, et ce dernier rempart ne doit pas céder », a-t-elle indiqué.
Le nombre insuffisant, le délabrement ou le mauvais entretien des usines de production, ainsi que les difficultés liées à la distribution, à savoir la pénurie de bouteilles, le manque de personnel ou de compétences techniques sont autant d’obstacles à un approvisionnement suffisant en oxygène thérapeutique en Afrique.
Une enquête réalisée par l’OMS et prenant en compte 30 pays africains a révélé que 18 pays seulement avaient inclus les corticostéroïdes dans les lignes directrices nationales de traitement, comme cela est recommandé l’OMS. Neuf pays utilisent des produits non recommandés tels que l’hydroxychloroquine et le lopinavir dans le traitement de la COVID-19.
En vue de renforcer le traitement contre la COVID-19 et les capacités d’administration de soins critiques, l’Organisation mondiale de la Santé travaille avec les pays et fournit des orientations sur la prise en charge clinique, en leur offrant parallèlement un appui afin d’assurer la mise à jour des protocoles et la formation des agents de santé. Avec l’aide des partenaires, l’Organisation met également à disposition des fournitures médicales essentielles, telles que des bouteilles d’oxygène, et accompagne la mise en place et la réfection de structures de production d’oxygène.
L’augmentation des cas survient à un moment où les stocks de vaccins sont insuffisants. En tout, 52 millions de personnes ont été vaccinées sur le continent depuis l’entame des opérations de déploiement de vaccins en mars de cette année. Ce chiffre représente en valeur relative seulement 1,6 % des 3,5 milliards de personnes vaccinées dans le monde entier. À peine 18 millions de personnes sont entièrement vaccinées en Afrique, ce qui représente 1,5 % de la population sur le continent, contre plus de 50 % dans certains pays à revenu élevé.
« Le double obstacle marqué par la pénurie de vaccins et les difficultés liées au traitement compromet sérieusement l’efficacité de la riposte à la pandémie qui ne cesse de s’accélérer », explique Dr Moeti. « Néanmoins, grâce aux nouvelles expéditions de vaccins attendues et aux mesures clés de prévention en place, la tendance peut encore être inversée en notre faveur ».
Les expéditions supplémentaires de vaccins attendues dans les semaines et les mois à venir permettront de renforcer les taux de vaccination. Environ 190 millions de doses supplémentaires de vaccin contre la COVID-19 seront nécessaires pour vacciner entièrement 10 % de la population africaine avant le mois de septembre 2021. En outre, 750 millions de doses supplémentaires seront nécessaires pour vacciner entièrement 30 % de la population du continent africain avant la fin de l’année 2021.
Dr Moeti s’est exprimée lors d’une conférence de presse virtuelle animée par APO Group. Elle a été rejointe par l’Honorable Dr Jean Jacques Mbungani Mbanda, Ministre de la santé publique, hygiène et prévention de la République démocratique du Congo, ainsi que le Dr Kaveto Sikuvi, Chef du département de la gestion des cas et spécialiste des urgences, hôpital intermédiaire de Katutura et hôpital central de la Namibie.
Étaient également présents pour répondre aux questions des journalistes, Dr Richard Mihigo, coordonnateur du programme Vaccination et mise au point des vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, Dr Thierno Balde, chef de l’équipe de partenariats opérationnels au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, ainsi que Dr Nicksy Gumede-Moeletsi, virologue régionale au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique.
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