Les soins à domicile : une approche qui redynamise la lutte contre la maladie à coronavirus 2019 au Nigéria
Lagos – Lorsque Zainab Olowoyo a contracté la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), elle faisait partie de ces milliers de patients de la COVID-19 résidant dans le très peuplé état de Lagos et qui présentaient une forme bénigne de la maladie. Il n’était nullement nécessaire que ces patients soient placés dans un service d’isolement environnant. En lieu et place du transfert dans la structure d’isolement, Olowoyo a reçu des soins à domicile dans le cadre d’un programme de soins à domicile mis en œuvre par les autorités fédérales, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Elle a récupéré tout en douceur et a éliminé le virus de son organisme au bout de dix jours.
« Recevoir des soins à domicile était la meilleure formule pour moi », souligne Olowoyo. « J’ai reçu des soins spécifiques à la COVID-19 comprenant tout ce dont j’avais besoin et à aucun moment je n’ai eu le sentiment de faire l’objet d’un défaut de soins, car je recevais des appels quotidiens des responsables de la santé, qui ont suivi de près ma récupération » a-t-elle ajouté.
Suite à la détection du cas indicateur en date du 28 février 2020, le Nigéria a enregistré environ 169 000 cas de COVID-19 et 2125 décès imputables au virus. Avec la montée en flèche des cas confirmés de la maladie au cours des deux vagues qui ont touché le pays, l’état de Lagos est devenu l’épicentre de l’épidémie avec notamment 35 % des cas cumulés, qui étaient tout près de surcharger les systèmes de santé locaux.
Au cours de la période initiale de résurgence de la maladie, entre les mois de février et d’avril de l’année en cours, 1060 personnes ont été prises en charge dans le cadre de la phase de mise en œuvre du programme de soins à domicile, qui s’est étendue sur six districts à forte charge de l’état de Lagos, sans qu’aucun décès ne soit enregistré. Ces chiffres représentent 81,4 % du nombre total de cas. Le programme a ensuite été répliqué dans les 37 états du pays, y compris sur le territoire de la capitale fédérale du Nigéria.
« La formule de soins à domicile au Nigéria présente un double avantage. En plus d’être une approche de soins centrée sur le patient, elle permet de libérer les lits, qui sont en nombre limité, et de les garder pour des patients atteints de formes graves de la COVID-19 », explique Dr Comfort Kusimo, coordonnatrice du système de gestion des incidents de l’OMS et résidente de l’état de Lagos.
Avant la mise en œuvre du programme de soins à domicile dans l’état de Lagos, tous les centres d’isolement disposaient d’une capacité d’accueil cumulée de 605 lits, avec une moyenne de 98 lits occupés par semaine. Depuis le lancement de la phase de mise en œuvre du programme, la capacité d’accueil totale des centres d’isolement est de 526 lits pour une moyenne de sept lits occupés par semaine.
« L’approche de soins à domicile a permis de réduire considérablement les taux d’occupation des lits dans nos centres d’isolement, résultant en une augmentation de notre capacité à prendre en charge les patients qui ont besoin de soins d’urgence », indique le Dr Olusola Adejumo, clinicien au Lagos State infectious disease isolation centre (centre d’isolement de l’état de Lagos pour les patients atteints de maladies infectieuses).
Parallèlement, des patients asymptomatiques ou qui, comme Olowoyo, présentaient des symptômes bénins sans être atteints de comorbidités sous-jacentes ont fait l’objet d’une prise en charge et d’un suivi complet à domicile. En surcroît de l’évaluation initiale en personne et du suivi ultérieur par le biais de messages (SMS) et d’appels téléphoniques, ces patients ont aussi bénéficié d’un soutien psychosocial. Les patients qui ont par la suite développé des symptômes graves ont été transférés dans le centre d’isolement le plus proche pour y recevoir un traitement supplémentaire. Après récupération, un suivi téléphonique est effectué pour une période moyenne allant de 14 à 28 jours.
Pour Dr Kusimo, le succès du programme s’explique par l’ensemble constitué du choix rigoureux des médecins et de l’efficacité de la communication entre ces derniers et les patients, auxquels s’ajoutent les retours d’information réguliers adressés aux autorités fédérales.
« Les principaux éléments auxquels l’on doit le succès notable de cette intervention sont la passion et l’engagement affichés par ces médecins qui, d’un acte volontaire, ont décidé d’accompagner la décentralisation des soins », renchérit-il.
Dans chacun des six districts à forte charge de l’état de Lagos, des réunions de coordination étaient organisées sur une base hebdomadaire, donnant l’occasion aux médecins de présenter un rapport sur tous les patients dont ils avaient la charge, et dans le même temps, de promouvoir une forte culture de la responsabilité.
« J’ai éprouvé une grande fierté à participer au programme de soins à domicile », se réjouit Dr Koseda Omogbemi, l’un des médecins du programme. « Cette initiative m’a permis de me rendre disponible pour les patients et de leur offrir mon appui de manière sûre et efficace », poursuit-elle.
Pour sa part, Dr Rosemary Onyibe, coordonnatrice zonale de l’OMS pour la zone Sud-est, dont fait partie Lagos, précise que « les soins à domicile ont non seulement contribué à réduire la pression exercée sur les ressources des autorités locales, mais aussi à atténuer les craintes et la stigmatisation associées au virus dans la communauté. Les perceptions au sujet de la COVID-19 ont été considérablement améliorées permettant donc aux populations d’être mieux outillées pour jouer leur partition dans la riposte en cours » a-t-elle conclu.