Au Malawi, accroître l’équité en matière de prévention du paludisme par la vaccination

Au Malawi, accroître l’équité en matière de prévention du paludisme par la vaccination

Lilongwe – Clara Magalasi, qui vit dans un village situé près de Lilongwe, la capitale du Malawi, s’est réveillée sous un ciel gris et terne qui annonçait la pluie. La météo ne l’a pas empêchée de marcher quatre kilomètres jusqu’au centre de santé de Chileka. Sa fille Grace Butawo, qui vient d’avoir 22 mois, devait recevoir sa quatrième et dernière dose du vaccin antipaludique RTS,S. Clara explique qu’elle connaissait la date à laquelle sa fille devait recevoir la dernière dose du vaccin car elle en connaît les avantages.

« Je comprends que si mon enfant reçoit les quatre doses, le vaccin lui donnera la meilleure protection possible contre le paludisme et la forme grave du paludisme. Depuis sa naissance, Grace n’a jamais souffert du paludisme, à la différence de mes autres enfants qui ont connu de nombreuses crises de paludisme lorsqu’ils avaient le même âge que Grace », explique Clara.

Lorsqu’il est ajouté aux autres moyens de lutte contre le paludisme généralement recommandés, le vaccin antipaludique RTS,S peut réduire de 40 % les cas de paludisme chez les enfants et de près de 30 % les cas de paludisme grave potentiellement mortels.

Deuxième anniversaire des projets pilotes sur le vaccin antipaludique

À compter de ce mois, Grace fait partie des quelques 220 000 enfants malawites qui ont reçu au moins une dose du vaccin antipaludique RTS,S, administré dans le cadre de la vaccination systématique au titre d’une mise en œuvre pilote historique en Afrique subsaharienne. Ce projet est piloté par les ministères de la Santé du Malawi, du Ghana et du Kenya. Il est coordonné par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et soutenu par les partenaires du secteur de la santé à l’échelle nationale, régionale et mondiale.

Il y a deux ans, le Malawi est devenu le premier pays au monde à introduire le vaccin antipaludique dans son programme de vaccination des enfants, suivi du Ghana et du Kenya. Le vaccin a été introduit dans le cadre d’une approche par étapes ciblant 11 districts du Malawi.

À l’échelle mondiale, plus de la moitié des décès d’enfants surviennent en Afrique, et le paludisme est l’une des principales causes de mortalité. En janvier 2016, l’OMS a recommandé une mise en œuvre pilote du vaccin antipaludique RTS,S chez les enfants, à utiliser parallèlement avec d’autres interventions de lutte contre le paludisme dans des contextes de transmission modérée ou forte du parasite. Le vaccin antipaludique est le premier et, jusqu’à présent, le seul vaccin capable de réduire de manière sensible le nombre de cas de paludisme chez les enfants.

Le rôle de la vaccination dans l’amélioration de l’équité en matière de santé

« Pour réduire les décès chez les enfants, nous pouvons prendre en compte le potentiel des interventions telles que le vaccin antipaludique pour renforcer la prévention du paludisme grâce à la campagne de vaccination réussie des enfants ou à la plateforme PEV qui atteint environ 80 % des enfants dans le pays. Le vaccin confère aux enfants une protection renforcée contre le paludisme. En effet, le vaccin est un outil supplémentaire en plus des moustiquaires imprégnées d’insecticide (ou moustiquaires de lit) et il s’agit d’une opportunité d’atteindre les enfants qui n’utilisent pas encore de moustiquaires ou d’autres interventions de prévention du paludisme – le vaccin antipaludique pourrait accroître l’équité en matière d’accès aux interventions de lutte antipaludique qui sauvent des vies », a déclaré Dr Nonhlanhla Dlamini, représentante de l’OMS au Malawi.

Le ministère de la Santé du Malawi a mis en place des mesures de lutte contre le paludisme, telles que l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide et la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides à effet rémanent. Cependant, dans les zones difficiles d’accès, certains ménages ne bénéficient pas encore de ces interventions.

Comme l’affirme Seliya Lawrence, qui vit aussi dans un village proche de Lilongwe, sa maison n’a jamais bénéficié de pulvérisation d’insecticides à effet rémanent. Toutefois, son bébé âgé de 10 mois a reçu jusqu’à présent trois doses de vaccin antipaludique.

« J’ai entendu parler de la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides à effet rémanent, mais ce programme n’est pas présent dans notre région. Je suis reconnaissante du fait que mon enfant reçoive un vaccin antipaludique qui peut la protéger contre le paludisme grave », a déclaré Seliya.

Autres avantages potentiels : réduction du nombre d’hospitalisations, augmentation des visites de prévention.

Les consultations hospitalières et les admissions dues au paludisme représentent une charge financière pour les personnes vulnérables. Au Malawi, près de 60 % des consultations ambulatoires des enfants sont dues au paludisme. Les données du centre de santé de Chileka, à Lilongwe, indiquent une réduction des admissions hospitalières dues au paludisme chez les enfants de moins de cinq ans depuis l’introduction du vaccin. Selon le personnel de santé, cette baisse pourrait être due au vaccin antipaludique.

Madalitso Chadewa, assistante principale de veille sanitaire au centre de santé Chileka, affirme : « Depuis l’introduction du vaccin antipaludique, il a peut-être réussi à garder de nombreux enfants hors de l’hôpital ».

Madalitso Chadewa affirme que le projet pilote a également amélioré l’adoption de la vaccination systématique. Avant le début du projet pilote, la plupart des mères arrêtaient les visites au centre de santé pour les enfants âgés de moins de cinq ans lorsque leurs enfants recevaient leur dernier vaccin contre la rougeole à l’âge de 15 mois. Cependant, le vaccin antipaludique a permis de prolonger la période de vaccination à l’âge de 22 mois.

« Lorsque les enfants arrivent à 22 mois, en plus de leur administrer la quatrième dose du vaccin antipaludique RTS,S, nous effectuons un suivi de la croissance et des bilans de santé généraux. Ces bilans de santé sont essentiels, car ils permettent de détecter les menaces évitables pour la santé chez les enfants âgés de moins de cinq ans », explique-t-elle.

Projet pilote sur le vaccin antipaludique dans le contexte de la pandémie de COVID-19

L’OMS a apporté un appui au ministère de la Santé pour assurer la continuité des services essentiels de vaccination et de lutte contre le paludisme pendant la pandémie, particulièrement pour mener la vaccination antipaludique dans les districts pilotes. Le projet pilote sur le vaccin antipaludique s’est poursuivi sans perturbation majeure.

« Nous sommes conscients de la pression que la pandémie de COVID-19 a exercée sur notre système de santé. Il est important pour nous de veiller à ce que les services de vaccination de l’enfant, y compris le programme de vaccination antipaludique, se poursuivent pendant cette période, car les vaccins permettent de réduire les maladies de l’enfance, de sauver des vies et de soulager le système de santé », déclare DRandy Mungwira, fonctionnaire technique de l’OMS pour le programme pilote sur le vaccin antipaludique au Malawi.

Prochaines étapes pour la phase pilote concernant le vaccin antipaludique

Les données et l’expérience acquises dans le cadre de la mise en œuvre du projet pilote sur le vaccin antipaludique permettront de déterminer le meilleur moyen d’atteindre les enfants avec le schéma de vaccination à quatre doses, l’impact du vaccin sur le paludisme grave et sur les vies sauvées, ainsi que l’innocuité du vaccin dans le cadre d’une utilisation systématique. Jusqu’à présent, les données d’innocuité collectées sont très rassurantes.

Le projet pilote progresse bien, le vaccin est bien accepté par la communauté et le programme est à présent en voie pour une révision des données sur le vaccin antipaludique RTS,S et une recommandation potentielle de l’OMS pour une utilisation plus large du vaccin en Afrique subsaharienne dès octobre 2021. Si le vaccin est recommandé pour une utilisation plus large, il pourrait constituer un nouvel ajout important aux moyens généralement recommandés pour lutter contre le paludisme, par l’entremise de la plateforme de vaccination des enfants.

En avril, alors que le monde commémore la Journée mondiale de lutte contre le paludisme et le début de la Semaine africaine de la vaccination, l’OMS salue le travail accompli dans la mise en œuvre des programmes nationaux de vaccination et de lutte contre le paludisme – notamment au Malawi, au Ghana et au Kenya, les trois pays qui exécutent le projet pilote sur le vaccin antipaludique dans le cadre du programme pilote – pour leur contribution à la création d’un monde plus juste et en meilleure santé. L’impact protecteur des vaccins nous rapproche de la réalisation de notre objectif commun, à savoir améliorer la santé et le bien-être de tous, partout.

L’OMS remercie Gavi l’Alliance du vaccin, le Fonds mondial et Unitaid pour leur généreux appui au programme d’application expérimentale du vaccin antipaludique dans la Région africaine.

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Hudson Wenji Kubwalo

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