Au cœur de la réponse au cyclone Idai: le Dr Stéphane Hugonnet, épidémiologiste, OMS
Le Dr Stéphane Hugonnet est un médecin épidémiologiste. Il travaille dans le Programme des urgences au siège de l’OMS à Genève, au sein du département qui s’occupe de la surveillance, l’évaluation des risques et la gestion de l'information. Il a été déployé au Mozambique pour y renforcer le système de surveillance des maladies et diriger une équipe qui travaille avec les autorités locales, nationales et les partenaires afin de mettre en place un système de surveillance qui permettra de détecter au plus vite les épidémies qui pourraient survenir. Au moment de son déploiement, son équipe a été confrontée à une grave épidémie de choléra, ainsi qu'à un risque élevé d’épidémies de rougeole, de typhoïde et éventuellement de la polio qui reste un problème dans la région.
Quelle est la situation épidémiologique dans la zone affectée par le cyclone?
Après une catastrophe naturelle comme celle-ci il y a des destructions des infrastructures, en particulier des centres de santé. Il y a aussi des pénuries d'aliments et des ruptures dans l'acheminement des médicaments.
Il y a de l’eau partout, ce qui comporte un risque élevé de voir toutes sortes de maladies, en commençant par les maladies qui sont transmises ou liées à l’eau comme la choléra, la typhoïde et les hépatites.
Également, il y a les maladies qui sont transmises par les moustiques, vu que la présence de l’eau crée des sites de prolifération de moustiques, comme la malaria, la dengue et le Chikungunya qui sont extrêmement répandus ici.
Donc, il est très important de détecter ces maladies afin de pouvoir intervenir de manière appropriée soit avec la vaccination soit par la distribution de moustiquaires imprégnées et des médicaments - pour la malaria en particulier qui est probablement la maladie la plus importante.
Quels sont les défis actuels les plus importants?
Les défis ce sont essentiellement que le territoire et la zone affectée sont quand même extrêment importants et les accès sont limités. On a heureusement un soutien logistique par terre et par air qui est extrêmement utile et utilisé.
Les autres défis, ce sont évidemment les infrastructures et en fait le système de surveillance des maladies et l'état du système de santé même avant cette catastrophe naturelle.
Donc on travaille beaucoup pour fournir des matériels et des équipes nécessaires pour travailler sur la formation. Nous essayons de garder un système le plus pérenne possible une fois que le gros de d’urgence sera passé.
Et bien sûr, un des défis actuels les plus importants est la réponse à l’épidémie de choléra.
Quel est l'état de l'épidémie de choléra?
La région qui a été affectée par ce cyclone c’est une région endémique pour le choléra, il y a régulièrement des épidémies. Évidemment avec la destruction des infrastructures et les inondations et la contamination des eaux qui sont habituellement utilisées pour la consommation, le risque de choléra était extrêmement important et il y a eu une épidémie de choléra dans quatre districts.
La réponse à celle-ci était extrêmement rapide avec une vaccination de masse. Aujourd’hui, 10 jours après le début de la vaccination, on a l’impression, bien que ce soit peut-être tôt pour le dire, que l'épidémie a atteint un plateau et on espère voir dans les prochains jours l'impact de la vaccination.
Quelle technologie vous permet d’effectuer ce travail même après une telle catastrophe naturelle?
La surveillance des maladies épidémiques est une des activités principales dans notre contexte et qui est soutenue et renforcée par l’OMS. Afin de pouvoir détecter les évènements de manière rapide et pouvoir intervenir au plus vite, il faut mettre en place des systèmes pour que l’information soit collectée de manière standardisée, transmise le plus rapidement possible et analysée puis rapportée à ceux qui ensuite mettent en place des mesures de contrôle.
Et pour ce faire, on a un outil qui s’appelle EWARS in a box, qui est un système de téléphonie mobile qui est utilisé au niveau des centres de santé pour saisir les informations sur les cas des différentes maladies et ça part directement dans une base de données centrale et on peut faire des analyses extrêmement rapidement et répondre à toutes sortes d’alertes dans l’espace de quelques minutes, voire heures.
On a introduit ce système actuellement dans trois districts - le 4ème district se fait au moment où je parle - dans à peu près 80 centres de santé gouvernementales, plus les centres de traitement choléra et les centres d’urgence.
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