En Zambie, les soins de COVID-19 à domicile soulagent les structures de santé
Lusaka - Peu après que la Zambie ait signalé ses premiers cas de COVID-19 en mars 2020, l'Institut national de santé publique du pays a lancé un dépistage intensif et ciblé des cas au sein des populations et des localités à haut risque. À Nakonde, une ville située à la frontière avec la Tanzanie, les dépistages ont révélé un nombre considérable d'infections.
« Nous avons enregistré 400 cas en trois jours et nous savions que les capacités des hôpitaux de la région ne permettraient pas de traiter autant de patients à la fois », explique Dr Paul Zulu, spécialiste des maladies infectieuses et responsable national des incidents pour la COVID-19.
La ville de Nakonde, dans le nord du pays, est un centre commercial très animé, avec des mouvements transfrontaliers de personnes et de camions. Lorsque le pic des cas de COVID-19 a atteint la ville rurale de Nakonde, les autorités sanitaires ont élargi les tests, mais à mesure que les infections augmentaient et menaçaient de submerger le système de santé, elles ont cherché à mettre en place une nouvelle stratégie.
« Nous devions prendre des mesures immédiates, sinon nos hôpitaux risquaient d'être débordés. Nous avons décidé de mettre en œuvre d'urgence la prise en charge à domicile des patients infectés afin d'alléger le fardeau du système de santé », explique Dr Zulu.
Avec le système de soins à domicile, les patients asymptomatiques et légèrement symptomatiques de COVID-19 âgés de moins de 50 ans, sans pathologie sous-jacente ni comorbidité, sont pris en charge à domicile par les familles avec le soutien de bénévoles de la communauté. Mais les patients présentant des symptômes modérés ou sévères sont admis dans un établissement de santé. Les soins à domicile avaient été envisagés dans le plan national d'intervention et sont devenus opérationnels en mai.
Il y a environ 20 cliniciens en rotation dans le district de Nakonde qui supervisent les volontaires communautaires. Pour garantir l'efficacité des soins à domicile, un responsable de l'hygiène du milieu évalue des aspects clés tels que le nombre de personnes partageant une maison, la possibilité pour le patient de disposer d'une chambre pour s'isoler et la présence éventuelle de personnes présentant des comorbidités qui pourraient être à risque.
Lorsque les conditions sont réunies, un agent de santé communautaire est chargé de fournir des soins, en effectuant des visites fréquentes pour vérifier les progrès accomplis. « S'il n'y a pas de symptômes, le patient reste à la maison. S'il présente des symptômes, le bénévole de la communauté communique avec un personnel de santé qualifié qui décide alors si un clinicien doit être envoyé pour évaluer si cette personne doit se rendre dans un hôpital », explique Dr Zulu.
Environ 75 à 80 % des cas confirmés en Zambie sont asymptomatiques. Sur les 941 cas actifs au 17 août 2020, 786 (83,5 %) étaient soignés à domicile et le reste dans des centres d'isolement.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a soutenu la formation d'agents de santé communautaires qui contribuent désormais à alléger la charge de COVID-19 dans les structures de santé de la Zambie. Les soins à domicile lancés dans la province de Muchinga, dont fait partie Nakonde, ont été adoptés dans les huit provinces du pays.
John Sizane, un volontaire communautaire de Nakonde, suit les patients atteints de tuberculose et fait la promotion de la santé dans son village depuis cinq ans. "Peu de temps après l'apparition de la COVID-19, j'ai été formé sur les signes et les symptômes ... comment aider les patients à faire face à la maladie à la maison et comment se protéger contre la COVID-19", raconte-t-il.
« Visiter mon tout premier patient atteint de COVID-19 a été facile. Ils m'ont accueilli parce qu'ils me connaissaient. Beaucoup de gens dans nos communautés sont analphabètes. Ils connaissent l'existence de COVID-19, mais nous avons été formés pour expliquer la prévention et le contrôle des infections, le lavage des mains et le port du masque », explique Sizane. Pendant les contrôles, « je demande aux patients s'ils ont des difficultés à respirer ou s'ils présentent des symptômes de type grippal. Je fais un rapport à la structure à la fin de la journée. Jusqu'à présent, la situation de mes quelque 20 patients est toujours stable. »
Suwilanji Sikanika a beaucoup apprécié les visites à domicile. « J'étais une patiente de COVID-19 stable et le fait d'être à la maison m'a permis de m'occuper de mes tâches ménagères. Je préférais parler à quelqu'un de la même communauté que moi. Cela m'a aidé à partager mes préoccupations sur d'autres questions de santé. C'était rassurant. »
Selon Dr Arthur Mataka, directeur sanitaire du district de Nakonde, le modèle de soins à domicile « fonctionne très bien pour nos communautés. Il y a d'énormes avantages à avoir établi de bonnes relations de travail avec des personnes qui ont déjà participé à d'autres programmes de santé. »
Les directives de l'OMS sur les soins de COVID-19 à domicile ont contribué à façonner la stratégie de la Zambie, déclare Dr Nathan Bakyaita, représentant de l'OMS dans le pays.
« Avec le recul, je suis heureux que le pays ait pris la décision de mettre en œuvre la stratégie de soins à domicile. En moyenne, seul un cas confirmé sur dix a été pris en charge dans les structures de santé, ce qui a permis d'alléger la pression sur les centres d'isolement, tout en préservant la continuité des services de santé essentiels de routine », explique Dr Bakyaita.
Pour Dr Zulu, l'épidémie de COVID-19 en Zambie a été l'un des plus grands défis de sa carrière. Mais il souligne que la mise en œuvre des soins à domicile s'est avérée bénéfique pour les patients et les établissements de santé.
« Le fait d'adapter nos volontaires communautaires pour travailler dans le cadre de la COVID-19 permet d'éviter que notre système de santé, déjà saturé, ne soit gravement surchargé. »
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