A la découverte de l'équipe de l'OMS : Dr Fiona Braka, Chef d'équipe, Programme d'urgence

A la découverte de l'équipe de l'OMS : Dr Fiona Braka, Chef d'équipe, Programme d'urgence

Professionnelle de la santé publique, titulaire d'un Master en Santé Publique de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, le Dr Fiona Braka travaille pour l'OMS depuis 18 ans, aidant les pays, dont l’Ouganda, son pays natal, de même que l'Éthiopie et le Nigéria, à renforcer leur capacité à fournir des vaccins. Elle met aujourd'hui sa vaste expérience dans le domaine de la vaccination et de l’éradication de la polio au service de la lutte contre les épidémies et les crises humanitaires sur le continent.

Qu'est-ce qui motive votre engagement pour ce travail ?

Je crois que chaque vie est précieuse. Nous avons tous la responsabilité d'aider les personnes vulnérables et de sauver des vies. Si nous voulons protéger les générations actuelles et futures, nous devons veiller à ce que tous les enfants, et plus globalement, tous les humains, où qu'ils soient, aient les mêmes chances de réussite dans la vie. 

En Afrique, la tâche est difficile, car le continent est confronté chaque année à plus de 100 menaces de santé publique, dont plus de 80 % sont d’origine infectieuse et les 20 % restants dus à des crises humanitaires telles que les inondations, les conflits et la famine. Il est essentiel que les pays aient la capacité de réagir rapidement et efficacement pour éviter les conséquences de ces menaces sur la vie humaine. C’est ce qui me motive. 

Mon parcours au sein de l'OMS, du niveau national au niveau international, m'a donné l'occasion de constater l’importance de renforcer les capacités au niveau des pays pour obtenir de réels changements. Mais il m'a aussi permis de constater l'incroyable pouvoir des interventions de santé publique, en particulier les vaccins, de sauver des vies.

De quoi êtes-vous le plus fière ?

Une part importante de mon travail à l'OMS était relative à l'éradication de la poliomyélite. Ce fut donc un grand moment lorsque, en août dernier, la Région africaine a célébré la déclaration de la Commission régionale africaine de certification selon laquelle le continent est désormais exempt de poliomyélite sauvage. C'était particulièrement significatif compte tenu de la désolation de 2016, lorsque, en tant que responsable de l'équipe de vaccination pour l'OMS Nigéria, nous avons à nouveau détecté la présence du virus sauvage dans ce pays après près de deux ans sans un seul cas.

Les derniers cas de poliovirus sauvage ont été signalés dans les endroits les plus difficiles à atteindre en raison du conflit dans le nord-est du Nigeria. Nous avons dû repenser nos stratégies pour garantir que les enfants vivant dans des zones de conflit soient vaccinés et que la surveillance soit en mesure de détecter tout cas suspect. Cela a nécessité de l'innovation, de la flexibilité et une forte collaboration entre toute une série d'actions. Le dévouement et la bravoure des équipes de polio de première ligne ont été tout simplement remarquables.

Le Nigéria était le dernier pays d'Afrique, et l’un des trois derniers pays au monde, où la polio était endémique. Avoir participer à cette réussite a été un véritable privilège. Mais elle nous a également permis d'acquérir une expérience précieuse dans la coordination d'autres urgences, car nous avons maximisé les capacités du programme pour améliorer la surveillance intégrée des maladies, atteindre davantage d'enfants avec d'autres vaccins et répondre à des épidémies telles que la rougeole, la fièvre jaune, la méningite, le choléra et plus récemment la COVID-19.

En quoi la COVID-19 est-elle différente des autres risques sanitaires ?

La COVID-19 est hautement transmissible et a un impact sur la vie des populations à travers le continent et au-delà, causant des maladies et des décès. Mais l'impact majeur et le plus visible de la pandémie a trait aux moyens de subsistance et à l’économie.

A l’instar d'autres maladies, la COVID-19 est une crise sanitaire qui nécessite une approche forte et coordonnée à tous les niveaux de l'OMS et dans le monde. Nous savons que les interventions vaccinales sont efficaces pour prévenir les maladies graves et les décès, mais pour réussir, nous devons disposer de l'approvisionnement nécessaire, nous devons être en mesure de fournir les vaccins et de sensibiliser les communautés sur les avantages de se faire vacciner afin qu'elles acceptent - et même exigent - le vaccin.  Nous avons vu qu'une approche globale de la santé publique, des mesures sociales et de la vaccination peut faire la différence, mais il reste encore beaucoup à faire pour garantir que ces mesures soient appliquées de manière uniforme et équitable dans tous les pays.

La pandémie de COVID-19 a démontré l'importance de l'investissement dans la santé. Les connaissances et la science qui sous-tendent les outils dont nous disposons aujourd'hui pour freiner la propagation du virus, y compris les vaccins, ont progressé à un rythme accéléré depuis que la pandémie a été déclarée au début de l’année 2020. Nous en savons beaucoup plus aujourd'hui qu'au début de la riposte. La collaboration de nombreux acteurs pour piloter différents aspects de la réponse est sans précédent.

Dans le même temps, il est important de reconnaître que si la COVID-19 accapare l'essentiel de notre attention, cela ne signifie pas que d'autres crises affectant des vies et le bien-être des populations n’existent pas. Nous avons actuellement des crises humanitaires dans la région du Tigré en Éthiopie, au Sud-Soudan, au Mozambique, à Madagascar et en République démocratique du Congo, entre autres. C'est un équilibre que nous devons atteindre en veillant à ce qu'aucune crise ne reste sans réponse ; chaque vie compte.

En fin de compte, je pense que l'Afrique a beaucoup appris des précédentes urgences sanitaires et qu'elle est en train de construire une base plus solide pour répondre à la COVID-19 et aux futures épidémies. Mais si nous voulons réussir, nous devons rester vigilants, veiller à ce que les pays soient prêts et disposent des capacités nécessaires pour réagir. Nous ne pouvons pas nous permettre de dormir sur nos lauriers.

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