Le Ministre de la Santé de la Guinée s’exprime sur les efforts déployés pour combattre Ebola
Conakry – L'épidémie d'Ebola qui a éclaté en Guinée au début de 2021 a été déclarée terminée le 19 juin, quatre mois seulement après la confirmation des premiers cas dans une communauté rurale du sud du pays. Grâce aux leçons tirées de l'épidémie de 2014-2016 et à l'expertise nationale croissante, une réponse rapide a été mise en place, permettant d'endiguer l'infection généralisée. Le ministre de la Santé, l'honorable Dr Rémy Lamah, explique ce qu'il a fallu pour stopper le virus et les défis rencontrés.
Quelles leçons ont été tirées de l'épidémie précédente et en quoi ont-elles été utiles dans l'épidémie qui vient de se terminer ?
Lors de l’épidémie précédente il nous a fallu plus de trois mois pour mettre en place une coordination efficace à la riposte Ebola. Cette fois-ci il y a eu une prompte réactivité du ministère de la Santé et ses partenaires. La déclaration de l’épidémie est intervenue le 14 février juste un jour seulement après la notification d’un cluster de trois cas et cela conformément aux recommandations du Règlement sanitaire international.
Cela nous a permis de déployer rapidement les équipes multidisciplinaires des experts Guinéens qui étaient déjà formés lors de l’épidémie de 2014–2016 afin de vite mettre en place les activités de la riposte et contenir la maladie.
La vaccination des contacts, des contacts des contacts des cas confirmés et du personnel de première ligne ainsi que l’utilisation de nouveaux médicaments spécifiques nous ont permis de couper la chaine de transmission en moins de temps que dans le passé.
La disponibilité des centres de traitement des épidémies construits à travers le pays a permis de prendre rapidement en charge les patients suspects et confirmés avec un plateau technique élevé (soins optimisés, réanimation, laboratoire intégré au centre de traitement d’Ebola) avec le concours des ressources humaines déjà formés en 2016.
La mise en place après 2016 de l’agence nationale de sécurité sanitaire a largement contribué à la maitrise de cette nouvelle épidémie
Quels ont été les défis dans cette épidémie et comment ont-ils été surmontés ?
Un faible engagement des communautés locales à la suite du déni de la maladie a été parmi les grands défis de la réponse à cette épidémie. Cela a entrainé à une faible acceptation de nos interventions et une faible remontée des alertes suspects de la maladie et souvent un refus de transfert au centre de traitement.
On doit de plus en plus impliquer des structures communautaires dans la gestion des épidémies avec une approche de réponse de proximité dans les aires de santé afin d’obtenir leur engagement.
Nous devons également Renforcer les dialogues communautaires en tenant compte des différentes couches sociales ainsi que la surveillance à base communautaire à travers les acteurs clés et les leaders communautaires
La mobilisation des ressources dans le contexte actuel de la réponse à la pandémie de la COVID-19 était aussi un défi non négligeable.
Que faut-il faire pour renforcer davantage la réponse non seulement à une éventuelle épidémie d'Ebola mais également à d'autres épidémies ?
Un atelier sera tenu dans les tous prochains jours pour une Revue Après Action de cette riposte afin de déterminer ce qui a bien marché et les points à améliorer pour nous permettre de répondre encore plus efficacement lors des prochaines épidémies.
Cependant, les équipes terrain continueront à travailler pendant 90 autres jours après la date du 19 juin pour assurer un relèvement et un renforcement de la surveillance des maladies à potentiel épidémique.
Il faudra donc renforcer les capacités des équipes d'alerte et de riposte aux épidémies et des équipes préfectorales d’alerte et de réponse aux épidémies dans la gestion des crises sanitaire et leur doter des moyens nécessaires.
Il est également important de mener des recherches pour disposer de connaissances socioculturelles sur le contexte qui pourront permettre de vite élaborer des stratégies compréhensives de la riposte (moins coercitives) et engager les communautés et prendre en compte des déterminants socio culturelles et anthropologiques dans toute les phases de développement et mise en œuvre de nos interventions.
Nous devons aussi mobiliser les ressources nécessaires pour le renforcement de notre système de santé afin de répondre aux objectifs de la Couverture Sanitaire Universelle à travers la politique nationale de santé communautaire.