Le vaccin anti Ebola protège les communautés à haut risque en République démocratique du Congo
Cela fait 10 jours que Jean René* a perdu son frère, décédé de la maladie à virus Ebola (MVE).
«La femme de mon frère est venue s'installer avec ma famille», a déclaré Jean René, qui vit dans une communauté située à une vingtaine de kilomètres au nord de Mbandaka, le premier centre urbain de la République démocratique du Congo à avoir signalé des cas confirmés de MVE au cours de la flambée qui sévit actuellement dans le pays.
Jean René est en deuil, après la mort de son frère, mais il trouve un certain réconfort car sa belle‑sœur et les autres membres de sa famille élargie ont reçu le vaccin anti‑Ebola.
Étant donné que les membres de la famille ont été en contact avec une personne atteinte d'Ebola, ils sont considérés comme particulièrement vulnérables à la maladie et ont pris part à la vaccination en anneau, qui lieu à Mbandaka depuis le 21 mai 2018.
«La vaccination en anneau est un nouvel outil essentiel de lutte contre Ebola», a déclaré le Dr Michael Ryan, Sous‑Directeur général chargé de la Préparation aux situations d'urgence et des interventions. «Je viens de passer la journée avec les équipes de vaccination dans la communauté, et pour la toute première fois, j'ai vu de l'espoir face à la maladie à virus Ebola et non de la terreur. C'est une étape majeure pour la santé publique mondiale.»
La vaccination en anneau est dirigée par l'Institut national de recherche biomédicale et le Ministère de la santé de la République démocratique du Congo, qui travaillent avec un large éventail de partenaires, dont l'OMS, Médecins sans Frontières et l'UNICEF. L'Alliance Gavi a contribué au financement des coûts opérationnels et, grâce à un accord avec les laboratoires Merck qui ont mis au point le vaccin, a également permis de garantir la disponibilité de 300 000 doses expérimentales du vaccin en cas d'épidémie. Le vaccin est administré aux contacts des cas confirmés et aux contacts des contacts, ainsi qu'aux agents de santé, aux intervenants de première ligne et aux autres personnes en cas d'exposition potentielle au virus Ebola.
Transfert d'expérience entre la Guinée et la République démocratique du Congo
Cet effort de vaccination est également le résultat d'une collaboration majeure entre la République démocratique du Congo et la République de Guinée. En 2015, un essai de vaccination en anneau mené en Guinée a montré que le vaccin était très efficace contre Ebola. Du fait des résultats de l'essai, le vaccin rVSV‑ZEBOV contre Ebola qui n'a pas encore été homologué a été approuvé pour «usage compassionnel» lors de flambées. Cela signifie que même si le vaccin n'a pas encore été officiellement approuvé par un processus de réglementation complet, il n'existe aucune solution de remplacement viable et il s'est avéré suffisamment sûr et efficace pour que son utilisation soit recommandée.
Le Dr Alhassane Touré a coordonné les opérations sur le terrain de l'essai mené en Guinée, et aujourd'hui il dirige les efforts en République démocratique du Congo. Les autorités guinéennes ont donné leur accord pour mettre à la disposition de la République démocratique du Congo (dans le cadre d'un processus de prêt de personnel) plus de 30 experts de la santé, en vue de soutenir les activités de vaccination en anneau.
«Je suis ici pour aider mes frères et mes amis de la République démocratique du Congo à lutter contre Ebola», a déclaré le Dr Alhassane. «La vaccination en anneau peut contribuer à arrêter la propagation du virus.»
Le Dr Alhassane et son équipe travaillent avec 50 agents de santé de la République démocratique du Congo pour partager leur expertise en matière de vaccination en anneau. Par ailleurs, le Dr Ismaila Ibrahima Sani du Niger coordonne les actions sur le terrain.
Ce transfert de connaissances et cette coopération entre la Guinée et la République démocratique du Congo est désormais complète.
«Je suis très fier car la République démocratique du Congo avait envoyé une équipe en Guinée il y a 2 ans pour appuyer les efforts de lutte contre Ebola, et aujourd'hui c'est la Guinée qui a déployé des experts en vaccination pour aider la RDC», a déclaré le Professeur Jean-Jacques Muyembe‑Tamfum, Directeur général de l'Institut national de recherche biomédicale. «C'est un très bon exemple de la coopération Sud‑Sud.»
Élargir la campagne de vaccination aux zones reculées
Au cours de la semaine passée, les équipes ont vacciné plus de 420 personnes éligibles dans des anneaux autour des quatre cas de MVE qui ont été confirmés à Mbandaka. En outre, le vaccin a été administré aux agents de santé de la région.
«Il est possible que de nouveaux cas de MVE soient confirmés dans la ville», a déclaré la Dre Ana Maria Henao‑Restrepo de l'Initiative OMS pour la recherche sur les vaccins. «Toutefois, il est rassurant de constater que les familles et les communautés touchées acceptent la présence de nos équipes et que ces dernières ont été en mesure d'assurer la vaccination en anneau.»
La vaccination a démarré dans d'autres zones de la province de l'Équateur où des cas de MVE ont été confirmés. Le 28 mai, la vaccination en anneau a commencé à Bikoro, à 150 kilomètres de la capitale provinciale. Plus tard cette semaine, les vaccinateurs de la Guinée et de la République démocratique du Congo devraient commencer la vaccination en anneau dans la zone de santé d'Iboko, qui est la plus reculée des trois zones ayant notifié des cas confirmés.
*Prénom modiflé