Les pays africains sont exposés à un risque élevé de résurgence de la COVID-19
Brazzaville – Le risque de résurgence de la COVID-19 reste élevé dans plusieurs pays africains à cause d’un manque de respect des mesures de santé publique, de la tenue de rassemblements de masse et de la faiblesse des taux de dépistage et de vaccination, selon une analyse réalisée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Trois pays sont exposés à un risque très élevé de résurgence de la COVID-19, vingt pays sont à risque élevé, 22 pays sont à risque modéré et un seul pays est exposé à un risque faible, selon l’évaluation des risques réalisée dans 46 pays. Le risque a été estimé à l’aide de sept indicateurs utilisant des données des quatre dernières semaines. Ces indicateurs sont : le nombre de cas de COVID-19 par million de personnes ; la variation en pourcentage des nouveaux cas ; la variation en pourcentage des nouveaux décès ; le taux de reproduction (autrement dit, le taux de propagation d’une infection) ; l’évolution de la pandémie ; le nombre hebdomadaire moyen de tests pour 10 000 personnes ; et le pourcentage de la population ayant reçu au moins une dose de vaccin.
Avec plus de 4,5 millions de cas confirmés et plus de 120 000 décès signalés jusqu’à présent, le continent n’a pas connu d’augmentation massive des cas depuis janvier et la courbe épidémique est restée stable pendant six semaines. Cela dit, le nombre relativement faible de cas a favorisé la complaisance et des signes montrent un relâchement certain dans le respect des mesures de prévention. Les rassemblements politiques qui ont eu lieu récemment dans des pays tels que le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Kenya ont provoqué une recrudescence des cas. Les prochaines élections à Cabo Verde, en Éthiopie, en Gambie, à Sao Tomé-et-Principe et en Zambie pourraient entraîner une hausse des cas au regard des rassemblements de masse qui auront lieu à ces occasions.
« Nous ne pouvons pas nous laisser bercer par un faux sentiment de sécurité. L’augmentation dévastatrice des cas et des décès en Inde et le rebond manifeste observé dans d’autres régions du monde sont des signes clairs que la pandémie n’est pas encore terminée dans les pays africains. Une nouvelle remontée des infections par la COVID-19 est un risque réel dans de nombreux pays, même si le nombre de cas dans la Région semble stable ces dernières semaines », a indiqué Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Lutter contre la fatigue liée à la COVID-19 semble être la bataille clé dans notre riposte collective à la pandémie. »
La plupart des pays de la Région connaissent une transmission communautaire. Or, 31 pays sur les 46 pays analysés ont effectué moins de 10 tests pour 10 000 personnes par semaine au cours des quatre dernières semaines. Cette situation porte à croire que le nombre de cas notifiés au cours des 28 derniers jours ne reflète pas forcément la situation réelle, car la stratégie de dépistage adoptée par les pays continue de cibler uniquement les personnes qui présentent des symptômes de la COVID-19.
« La majorité des nouveaux cas ne sont toujours pas détectés chez les contacts connus. Les investigations sur les groupes de cas et la recherche des contacts sont d’une faiblesse inquiétante dans la plupart des pays de la Région », a souligné Dr Moeti. « Nous devons intensifier le dépistage, notamment au moyen de tests de diagnostic rapide, afin d’améliorer la riposte à la pandémie. »
En outre, il est important pour les pays d’intensifier la recherche de cas dans les zones de transmission communautaire généralisée, d’accroître la capacité à isoler les cas et de réorganiser le personnel de santé, notamment en redéployant des agents de santé dans les zones les plus touchées.
La pandémie a eu un impact négatif considérable sur de nombreux secteurs, et les principaux services de santé de plusieurs pays africains sont toujours en butte aux perturbations subies il y a plus d’un an, après la confirmation des premiers cas sur le continent. En effet, 95 % des 40 pays ayant répondu à une enquête de l’OMS réalisée au début de l’année ont fait état de perturbations à divers degrés.
Si l’enquête montre une amélioration sur le plan de la prestation de services, avec 41 % de services perturbés entre janvier et mars 2021, contre 64 % au dernier trimestre 2020, il n’en demeure pas moins que la persistance de niveaux élevés de perturbation des services de santé, même après l’assouplissement des restrictions dans de nombreux pays, constitue une source de préoccupation. La pandémie de COVID-19 semble avoir un impact à long terme sur les services de santé.
« Les ondes de choc provoquées par la pandémie ont persisté, mais nous devons travailler avec ardeur pour qu’elles ne deviennent pas insurmontables et n’affaiblissent pas davantage la capacité du système de santé à faire face à d’éventuelles vagues d’infections par la COVID-19 », a déclaré Dr Moeti.
La plupart des pays ont mis en œuvre des politiques visant à réorganiser les services essentiels, mais un soutien supplémentaire s’avère nécessaire pour améliorer le bien-être des agents de santé, restaurer la confiance des gens dans les services de santé et mettre en place des garanties plus solides pour que le système de santé puisse mieux faire face aux chocs.
Dr Moeti s’est exprimée aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse virtuelle animée par le APO Group. Elle a été rejointe par Dr Christian Owoo, coordinateur national de la prise en charge des cas sévères et critiques de COVID-19 au Ghana et chargé de cours à la Faculté de médecine de l’Université du Ghana ; ainsi que Dr Kaushik Ramaiya, secrétaire général de l’Association du diabète de Tanzanie et de l’Alliance NCD. Étaient également présent pour répondre aux questions Dr Nsenga Ngoy, responsable du Programme des urgences, et Dr Phionah Atuhebwe, fonctionnaire technique pour l'introduction des vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
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