Sénégal: la téléphonie mobile au service des patients atteints de diabète
Depuis 2013, l’OMS collabore avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) afin de permettre à des pays comme le Sénégal de lancer les services de la plateforme «mDiabète» à l’aide des téléphones portables ...
Tous les matins, Mariama, mère de 6 enfants, se lève tôt pour aller vendre du poisson au marché local. Elle est diabétique depuis 10 ans et utilise régulièrement de l’insuline. Or, son traitement n’est pas le seul outil dont elle dispose pour prendre soin de sa santé – son téléphone portable joue un rôle crucial dans la surveillance de son diabète.
Grâce au programme mDiabète Sénégal, lancé cette année à l’occasion du ramadan, Mariama a trouvé qu’elle avait moins de mal à surmonter sa maladie tout en ayant l’énergie nécessaire pour travailler et s’occuper de sa famille. «Ces messages m’aident vraiment à prendre en charge ma maladie», déclare-t- elle. «Ils permettent aussi à ma famille de participer activement à son traitement.»
«Tous les jours, je demande à mon fils de vérifier s’il y a un nouveau message», ajoute Mariama. «En général, il m’aide à comprendre ce que je dois faire pour rester en bonne santé et surveiller mon diabète, et on en parle ensuite ensemble.»
Le rôle du téléphone portable
Les technologies de l’information et de la communication (TIC), en particulier le téléphone portable, modifient les attentes concernant l’accès à l’information sanitaire. Le téléphone portable peut concourir à prévenir ou à prendre en charge correctement la maladie en prodiguant des conseils simples qui portent le plus souvent sur l’alimentation, l’exercice physique et la vérification des signes de complications comme le pied diabétique.
Depuis 2013, l’OMS collabore avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) afin de permettre à des pays comme le Sénégal de lancer les services à grande échelle de la plateforme «mDiabète» à l’aide des téléphones portables. L’initiative conjointe Be He@lthy, Be Mobile vise à concevoir, à déployer et à élargir les services de prévention et de prise en charge du diabète et de plusieurs autres maladies non transmissibles.
Le diabète est à l’origine de l’un des premiers grands programmes de l’initiative Be He@lthy, Be Mobile. Cette dernière a élaboré un manuel s’adressant à tous les pays désireux de mettre en place des services à grande échelle, concernant notamment la teneur des messages envoyés par SMS et proposant un appui dans d’autres domaines comme la technologie, la promotion et l’évaluation.
Le recours aux SMS pour conseiller les patients accélère la diffusion de l’information destinée à aider la population à prendre en charge ou à prévenir la maladie. Cela réduit la prévalence et le coût des traitements et permet aux patients de vivre plus longtemps et en meilleure santé.
Une perspective mondiale
Le diabète continue d’être un grave problème de santé publique. Depuis 1980, le nombre de diabétiques a quadruplé pour s’établir à 422 millions, en 2015, on estime qu’1,6 million de décès ont été directement causés par le diabète. Ces chiffres ne tiennent pas compte de l’impact supplémentaire de l’hyperglycémie qui provoque près de 2 millions de décès par an en augmentant le risque de maladies cardiovasculaires, rénales et de tuberculose. Un diabète mal contrôlé aggrave le risque de complications coûteuses et débilitantes comme la cécité, l’insuffisance rénale, les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux, ainsi que l’amputation des membres inférieurs.
Le Sénégal a été le premier pays à lancer, en 2014, une campagne mDiabète ciblée afin d’aider la population à observer le jeûne du ramadan. Il s’agit aujourd’hui d’un service annuel qui a enregistré plus de 100 000 inscriptions en 2017.
D’autres pays lui ont rapidement emboîté le pas. En juillet 2016, c'est en Inde que le service mDiabète a été lancé, apportant aujourd’hui un soutien à plus de 96 000 utilisateurs. Une campagne annuelle pour aider les diabétiques pendant le jeûne du ramadan a également été mise sur pied en Égypte. La campagne 2017 a permis de toucher plus de 175 000 personnes dans le pays.
De l’information à l’action
Il faut impérativement formuler des recommandations faciles à suivre pour les patients diabétiques. C'est l’un des principaux enseignements tirés à ce jour concernant l'utilisation de cette application.
«Il importe de présenter les faits de manière à encourager les intéressés à appliquer ce qu’ils ont appris afin d’adopter un nouveau comportement», estime le Dr Douglas Bettcher, Directeur à l’OMS du Département Prévention des maladies non transmissibles, qui dirige l’initiative Be He@lthy, Be Mobile. «En proposant des informations sous une forme simple et pragmatique, les abonnés arrivent plus facilement à les intégrer dans leur vie quotidienne et à faire évoluer dans le bon sens leur alimentation, leurs habitudes et la pratique d’un exercice physique.»
C’est aussi une étape importante pour rendre les patients plus autonomes. Lorsqu’on leur donne la bonne information au bon moment, les patients peuvent prendre en charge leur pathologie entre 2 consultations chez le médecin ou le professionnel de la santé. En ce qui concerne les maladies chroniques, c’est essentiel pour améliorer la qualité de la vie et les résultats thérapeutiques.
Le Dr Prebo Barango, chargé de liaison OMS en Afrique pour l’initiative Be He@lthy, Be Mobile, explique qu’une meilleure connaissance du programme mDiabète a aussi influencé la façon dont les médecins soutiennent leurs patients. «Le programme a changé la donne des consultations médicales», rapporte-t-il. «Les médecins demandent à leurs patients s’ils ont reçu les messages par SMS, lesquels nécessitent un complément d’information pour s’assurer que le contenu a été bien compris. Le dialogue est plus constructif.»
Pour Mariama, l’avantage est manifeste. Un programme qui a débuté comme un simple service d’une durée de 6 semaines a grandement amélioré la façon dont elle prend en charge son diabète. «Grâce aux messages, je comprends que je dois constamment faire attention à ce que je mange et à quel moment», affirm-t-elle.