Sensibiliser les communautés au COVID-19 par des campagnes porte à porte au Tchad
N'Djamena - Ali Ngarba dit que sa plus grande inquiétude concernant le COVID-19 est qu'il n'y a pas encore de vaccin. Il partage une concession avec trois autres familles à Goudji, un quartier de la capitale tchadienne N'Djamena, et essaie de se protéger : il a installé un seau pour se laver les mains sur le pas de sa porte et ne sort qu'occasionnellement et seulement quand c'est nécessaire.
La cohabitation en collectivité, qui n'est pas rare dans de nombreux quartiers de N'Djamena, est une source de préoccupation pour les habitants car le COVID-19 perdure. Lorsque la pandémie a atteint le Tchad, les autorités sanitaires ont mis en place une série de mesures préventives, notamment des visites de porte-à-porte par des éducateurs de santé communautaires pour transmettre des messages sur la prévention.
Même si les réunions en face à face prennent beaucoup de temps, les séances sont plus personnelles, souvent menées par une personne de la même communauté qui parle la même langue et possède la compréhension culturelle appropriée. Contrairement aux messages diffusés, les gens peuvent poser des questions et demander des éclaircissements dans le cadre de campagnes de porte-à-porte.
Bien que près de 700 éducateurs de santé communautaires aient été formés dans les sept provinces du pays, l'une des principales insuffisances des campagnes de porte-à-porte est leur portée limitée. Un centre d'appel, des messages diffusés par 17 stations de radio dans plusieurs villes et des milliers d'affiches complètent la campagne de porte-à-porte d'éducation en matière de santé lancée en mai 2020 et qui durera jusqu'à trois mois.
L'approche communautaire est également un moyen efficace de lutter contre les rumeurs et la désinformation, affirme Djazouli Ibn Adam, qui dirige la division de la promotion de la santé au ministère de la Santé. Depuis le lancement de la campagne de porte-à-porte en mai, plus de 103 000 personnes ont été sensibilisées au COVID-19 dans tout le pays.
Les chefs de village, les chefs de quartier et les agents de santé se sont portés volontaires pour participer aux campagnes de porte-à-porte au Tchad. Ils sont pour la plupart membres des communautés visées. « Leur participation inspire confiance aux familles et facilite la transmission de messages et la collecte d'informations auprès des ménages », explique M. Adam.
Marie Loumaye, une étudiante universitaire qui s'est portée volontaire comme éducatrice en santé communautaire, parle trois langues locales, le français et le dialecte arabe tchadien. « Cela me facilite le travail car je sais qu'au moins une des trois langues locales est parlée dans les foyers que je visite », dit-elle.
L'explication de l'origine du COVID-19, de ses symptômes, de sa propagation et des moyens de se protéger sont quelques-uns des principaux aspects abordés dans les informations transmises lors des visites à domicile. Mais c'est surtout une des mesures de prévention - la distanciation physique - qui soulève le plus de questions.
« Nous sommes tellement habitués à la vie en communauté et au partage qu'il est impossible de faire comprendre aux gens qu'ils doivent se tenir à distance les uns des autres pour prévenir l'infection », explique Mme Loumaye. « Nous essayons autant que possible d'expliquer pourquoi c'est important, mais cela fait partie de notre vie et il est très difficile de faire changer les gens. »
« Il est presque impossible de ne pas partager un repas familial ou de ne pas vivre en communauté », dit Adam Hassane, un chef de quartier et un éducateur de santé communautaire expérimenté. « Certaines personnes m'ont dit qu'elles préféraient mourir plutôt que de rester loin de leur famille. Mais je fais de mon mieux pour leur expliquer qu'il ne faut pas mettre leur famille en danger. »
Malgré les difficultés, M. Hassane raconte qu'il est réconforté lorsqu'il voit des gens mettre en pratique les conseils de sécurité qu'ils reçoivent.
Le virus a été détecté au Tchad le 19 mars 2020 sur un passager à son arrivée. La première transmission locale a été déclarée à N'Djamena le 6 avril 2020. Les autorités sanitaires se concentrent sur les communautés pour instaurer la confiance afin qu'elles aient confiance dans les bonnes informations et évitent les comportements à risque.
« Je suis réconfortée de voir que le message a été bien compris lorsque je passe devant une maison où j'ai rencontré la famille et que je vois des changements tels que la présence d'un seau pour se laver les mains. Cela montre que je ne prêchais pas dans le désert », déclare Mme Loumaye.
Bien que les craintes qu'un vaccin ne soit pas encore mis au point puissent encore persister dans l'esprit de M. Ngarba, il se dit rassuré par d'autres aspects à la suite de la visite d'un éducateur en santé communautaire. « J'ai eu l'occasion de poser des questions et de dissiper les doutes que m'avaient inspirés certaines rumeurs sur le COVID-19 ».