Travailler avec les medias dans la lutte contre la COVID-19 au Nigeria

Travailler avec les medias dans la lutte contre la COVID-19 au Nigeria
WHO/ELOMBAT D.
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Travailler avec les medias dans la lutte contre la COVID-19 au Nigeria

Abuja – Quand Regina Otokpa, une journaliste basée à Abuja, a co-signé un article dans un quotidien sur le peu de respect des directives concernant le port du masque et la distanciation physique au Nigeria, cela a fait des vagues.

Les réactions à son article n’ont pas trainé. Des représentants du gouvernement ont renforcé les avertissements à l’encontre du non-respect des mesures préventives, tandis que le personnel médical a fait entendre sa satisfaction de la prise de conscience des responsables politiques : les agents de santé sont en effet très exposés au risque d’infection par la COVID-19 et le Nigeria compte plus de 2000 personnels de santé infectés par la maladie.

« L’article a fait du bruit parce qu’il a aidé les parties prenantes à identifier les failles qui pouvaient causer plus de dégât que de contribuer à aplanir la courbe de la COVID-19 », explique Regina Otokpa, qui couvre la santé et les affaires pour le journal.

Elle figure parmi les reporters du pays qui ont enquêté sur la riposte nigériane à la pandémie et aident à susciter une prise de conscience de la maladie. Au Nigeria, plus de 67 000 personnes ont été infectées par la COVID-19 et 1173 en sont mortes.

Au début de la pandémie, la désinformation et les rumeurs étaient courantes au Nigeria. Les affirmations excentriques allaient de la technologie sans fil 5G qui serait responsable de la COVID au thé au citron qui pourrait la soigner. Des rumeurs circulaient sur WhatsApp selon lesquelles la maladie serait une ruse de certains pour répandre la peur et détourner des fonds prévus pour combattre le virus, ce qui s’est révélé difficile à réfuter, explique Ayodamola Owoseye, une reporter travaillant pour un journal basé à Abuja.

Très tôt au cours de l’épidémie, il a été difficile de trouver des experts à qui s’adresser, explique Ayodamola Owoseye, dans la mesure où la plupart des chercheurs comprenaient mal le virus. Des sommes considérables d’informations non vérifiées étaient disponibles en ligne. Néanmoins, certaines personnes ont ignoré ses articles, se souvient-elle. « Les gens ont pris peur et ont arrêté de lire les informations. Ils affirmaient que cela les affectait psychologiquement. »

Pour aider à contrebalancer la désinformation, le bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Nigeria a formé des journalistes nationaux, en particulier sur les principes du journalisme de santé publique, dont l’exactitude des informations, la vérification des données et de leurs sources. La formation visait aussi à aider à changer l’attitude du public vis-à-vis de la COVID-19.

Depuis mars, l’organisation a soutenu le travail de plus de 100 journalistes partout au Nigeria pour comprendre et relayer des termes techniques et informer le public à propos de la pandémie. L’OMS a aussi fourni des informations en temps réel sur la riposte à la COVID-19 ainsi que sur la prévention. A Abuja, 50 journalistes ont été formés, ainsi que 100 autres dans les États Adamawa, Borno et Yobe du nord-est du pays.

L’OMS continue de collaborer avec les médias afin de débusquer les fausses informations. Le personnel de l’organisation participe aussi à des programmes nationaux de radio et de télévision pour parler de la pandémie.

Les salles de rédaction nigérianes utilisent différentes approches pour lutter contre la désinformation. Certaines s’attaquent directement aux rumeurs en produisant des listes de fausses informations qu’elles réfutent en même temps. D’autres ont des équipes de vérification des faits pour un travail en profondeur.

A Dubawa, la section de vérification des faits du Premium Times, un quotidien majeur du Nigeria, les reporters ont publié des articles pour contrer les rumeurs et répondre aux interrogations du public sur la COVID-19, en utilisant des outils créatifs comme des graphiques et des vidéos. Dubawa est la première initiative de ce genre dans le pays et travaille à combattre les fausses informations et à dissuader les propagateurs d’informations trompeuses.

« Nous, journalistes, devrions continuer à travailler sur la COVID-19 pour que les gens soient conscients qu’il est trop tôt pour se réjouir », affirme Bukola Afeni, un reporter du Newsday, une publication en ligne, en faisait référence au nombre déclinant de reportages de fond sur la pandémie.

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