Le thème retenu pour l’édition 2019 de la Journée internationale des femmes, à savoir « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement », tire la sonnette d’alarme sur le fait qu’un développement économique rapide et porteur de transformation ne sera possible que si nous parvenons à traiter et à régler les inégalités fondées sur le sexe dans des domaines tels que les besoins sanitaires, les comportements à risque, le pouvoir et le contrôle sur les ressources et l’information, ainsi que l’accès aux services de santé. Pour sa part, l’Organisation mondiale de la Santé a donné la priorité, dans l’ensemble de ses politiques et dans tous ses programmes de santé, à la promotion de l’égalité entre les sexes, à l’équité et aux droits de la personne humaine, la finalité étant d’instaurer la couverture sanitaire universelle et d’atteindre les objectifs du triple milliard fixés dans son nouveau programme général de travail.
De nombreux pays de la Région africaine ont accompli des progrès remarquables vers la parité hommes-femmes en matière d’éducation et de santé comme dans les systèmes économiques et politiques. Ces pays ont également introduit dans leurs stratégies nationales de développement sanitaire des actions multisectorielles visant à promouvoir la santé de la femme à toutes les étapes de sa vie. Ces avancées sont mises en lumière dans l’édition 2018 du rapport mondial sur les inégalités entre les sexes, qui révèle qu’au cours de la dernière décennie, la Région africaine a réalisé plus de progrès que n’importe quelle autre Région vers la réduction des inégalités entre les sexes en ce qui concerne la santé et la survie. En effet, deux pays de la Région – le Botswana et le Lesotho – ont résorbé l’écart entre les hommes et les femmes dans des domaines tels que le niveau d’instruction, la santé et la survie.
Un nombre sans cesse accru de femmes africaines occupent des postes de pouvoir et influencent des lois et des politiques plus audacieuses, montrant aux autres femmes qu’elles ont aussi voix au chapitre et peuvent prendre des décisions sur des questions qui influent sur leur vie. Le Rwanda compte la plus forte proportion de femmes parlementaires au monde (61 %) et se rapproche quasiment, avec l’Éthiopie, de la parité concernant la proportion de femmes parlementaires qui occupent des postes ministériels ; en Namibie, près de 46 % des parlementaires sont des femmes. Ces évolutions positives masquent néanmoins le fait que l’écart entre les hommes et les femmes dans la Région a recommencé à se creuser à cause de disparités importantes entre les pays dans des domaines tels que le niveau d’instruction, l’émancipation politique, la parité salariale et le nombre de femmes exerçant des activités professionnelles et techniques.
Au moment où nous commémorons la Journée internationale des femmes, j’exhorte la communauté internationale, nos États Membres et toutes les autres parties prenantes à penser équitablement, à bâtir intelligemment et à innover pour le changement. Les inégalités profondes touchant au genre, à l’équité et aux droits sont à l’origine du nombre toujours élevé de décès liés au VIH, en particulier chez les jeunes femmes, et des taux inacceptables de mortalité maternelle, sans oublier d’autres pratiques néfastes telles que les mutilations sexuelles féminines. Nous devons également nous attaquer aux problèmes liés aux modes de vie et aux facteurs de risque qui contribuent à la prévalence croissante des maladies non transmissibles chez les femmes en Afrique, veiller à ce que les filles restent scolarisées jusqu’à la fin de leurs études secondaires et mettre fin à toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles.
Cette année, la commémoration de la Journée internationale des femmes me donne l’occasion de réitérer la détermination de l’OMS à promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de la femme. Tous ensemble, pensons équitablement, bâtissons intelligemment et innovons pour le changement afin d’améliorer les résultats sanitaires des femmes et des filles, de leur permettre de réaliser leur plein potentiel et de les aider à contribuer à un développement socioéconomique et politique porteur de transformation dans la Région africaine.