Le 24 octobre, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se joint à des millions de personnes dans le monde entier pour célébrer la Journée mondiale contre la polio. Cette journée vise à mobiliser le soutien pour en finir avec la poliomyélite, une maladie certes incurable mais que l’on peut éviter au moyen de la vaccination et qui reste une menace pour les enfants dans certaines localités.
Depuis le lancement de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP) voici près de trente ans, le nombre de nouveaux cas d’infection par la poliomyélite a diminué de plus 99,9 %, passant d’environ 350 000 cas annuels lorsque le monde enregistrait quelque 1000 cas d’infection par jour dans les années 1980 à seulement 37 cas dans le monde entier en 2016.
La Région africaine a réalisé des progrès considérables vers l’éradication de la poliomyélite. On est ainsi passé de la moitié de la charge de morbidité mondiale de cette maladie à 128 cas en 2012, puis à quatre cas en 2016. Après près de deux années passées sans confirmer le moindre cas d’infection par le poliovirus sauvage, la Région a subi un revers en 2016 lorsque quatre cas d’infection par le poliovirus sauvage ont été détectés dans des localités difficiles d’accès et en proie à l’insécurité au nord du Nigéria.
En guise de réponse à la flambée de poliomyélite au Nigéria, la Région africaine de l’OMS a organisé rapidement une réunion regroupant le ministre de la Santé du Nigéria et ses homologues des pays riverains du lac Tchad, à savoir le Cameroun, la République centrafricaine, le Niger et le Tchad. Les gouvernements de ces pays ont déclaré que la flambée de poliomyélite au Nigéria était une urgence de santé publique de portée sous-régionale, et ils ont pris des mesures rapides et décisives en vue de la vaccination des enfants de la sous-région. Dans ce qui constitue un exemple de pratique optimale, les responsables politiques et communautaires ont travaillé de concert pour garantir le succès de la plus grande campagne de lutte antipoliomyélitique jamais organisée en Afrique. Plus de 190 000 agents de vaccination ont immunisé de façon synchronisée plus de 116 millions d’enfants de moins de cinq ans dans 13 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale. Des bénévoles et agents de santé se sont déplacés à bicyclette ou à pied, certains marchant pendant plus de 12 heures, souvent sous des températures accablantes de 40° C ou plus.
Ces efforts ont permis d’enrayer la transmission du poliovirus sauvage, et la Région africaine vient de franchir une étape intermédiaire importante vers l’éradication car une année s’est écoulée depuis la notification du dernier cas de transmission du poliovirus sauvage au Nigéria. Je salue les courageux efforts déployés par les gouvernements des pays de la sous-région, en synergie avec les partenaires à l’éradication de la poliomyélite, ainsi que les communautés, les parents et les travailleurs de santé communautaires. Cependant, certaines localités restent inaccessibles pour les équipes de vaccination et de surveillance de la poliomyélite, à cause de l’insécurité, et il est fort possible que la transmission ne soit pas encore interrompue.
C’est donc dire que nous ne devons pas faire preuve de complaisance. Tant que la poliomyélite n’est pas éradiquée, tous les pays restent exposés au risque de flambées.
La Région africaine dans son ensemble ne pourra être certifiée comme ayant éradiqué la poliomyélite que lorsque trois années auront passé sans qu’elle n’enregistre le moindre cas confirmé d’infection par le poliovirus sauvage, et si la surveillance a été maintenue au niveau requis pour la certification. Si aucun nouveau cas n’est confirmé d’ici fin 2019 et si la surveillance est renforcée rapidement, la Région africaine pourra être certifiée comme ayant éradiqué la poliomyélite.
Dans notre Région, les efforts de surveillance sont actuellement en-deçà de la norme recommandée. La surveillance est loin d’être optimale dans un certain nombre de pays, aussi bien dans les zones sécurisées que dans celles en proie à l’insécurité. Ce serait une catastrophe pour nous de manquer la certification à cause d’une surveillance sous-optimale. J’exhorte par conséquent tous les pays – qu’ils aient déjà notifié un cas de poliomyélite ou non – à s’engager de nouveau à renforcer de toute urgence leur surveillance de la poliomyélite.
En 2017, la Déclaration d’Addis Abeba sur la vaccination a été entérinée par les chefs d’État de l’Union africaine. Cette déclaration invite instamment les pays à accroître l’investissement dans les services de vaccination, qui constituent la clé à actionner pour consolider les progrès réalisés vers l’éradication de la poliomyélite et la postcertification de cette éradication. En effet, l’éradication de la poliomyélite passe par l’engagement politique et la disponibilité de ressources suffisantes. L’OMS tient à rassurer tous les pays de tout son appui dans cet effort.
Nous sommes quasiment sur le point d’en finir avec cette maladie débilitante. Je lance un appel à tous les pays afin qu’ils travaillent ensemble pour « transformer l’essai » et pour que la Région africaine soit certifiée en fin 2019 comme ayant éradiqué la poliomyélite. Ensemble, contribuons à cette réalisation qui restera gravée dans les annales.