Vers la décentralisation de la réponse aux urgences : formations des Equipes d’Interventions Rapide des districts

Vers la décentralisation de la réponse aux urgences : formations des Equipes d’Interventions Rapide des districts

Bujumbura, le 30 août 2020 - Ils étaient une cinquantaine de prestataires sanitaires provenant des districts sanitaires de Bubanza, Mpanda, Isare, Kabezi et Bugarama. Ils ont suivi, du 25 au 29 août, une formation sur la gestion des équipes d’intervention rapide en cas d’urgence de santé publique. L’objectif de cette formation était de renforcer les capacités interdisciplinaires de ces équipes à détecter et à répondre efficacement en premier lieu lors d’une apparition d’urgence de santé publique dans leurs districts respectifs. 

La formation a été organisée par le MSPLS, avec l’appui du Bureau de l’OMS au Burundi, grâce à un don de ECHO, l’Office humanitaire de la Commission Européenne, dans le cadre de la préparation et de la riposte du Burundi contre la COVID-19.

D’après le Dr. Anatole Ndayitwayeko, membre de l’équipe d’intervention rapide au sien du Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA (MSPLS) et formateur, la formation a été organisée dans le but de former des équipes d’intervention rapide basées au niveau du District Sanitaire et de les doter des capacités à mener des investigations et faire de la surveillance active en cas des urgences sanitaires, principalement en cette période de la Covid-19. « Ce que nous attendons d’eux, c’est qu’à la fin de cette session, ils soient à même de pouvoir mener des investigations et de procéder au diagnostic de la maladie mise en cause, surtout de la Covid-19, par eux même », indique le Dr. Ndayitwayeko.  « Après cette formation, il est attendu que ces équipes soient capables de répondre en premier lieu en cas d'apparition d'un cas suspect lié à urgence épidémiologique au niveau de leurs districts sanitaires respectifs. »

L’Organisation mondiale de la Santé recommande la décentralisation de la riposte aux urgences, notamment à travers la mise en place des équipes d’intervention rapide au niveau du district sanitaire. La formation était donc une contribution à la mise en œuvre de cette recommandation par le pays. Sur les 47 districts sanitaires du Burundi, 19 disposent déjà d’équipes d’intervention rapide. A celles-là viennent s’ajouter deux équipes d’intervention rapide basées au Ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida.

« Les équipes d’intervention rapides, en plus d’être les premiers répondant aux alertes aux cas suspects dans le district, sont également appelées à faire des investigations, en attendant que l’équipe centrale basée au ministère prenne le relai », indique le Dr. Jim Thierry Ntwari, Chargé de la préparation aux urgences de santé publique au Bureau de l’OMS au Burundi. « La recommandation de l’organisation mondiale de la Santé est que dans le cadre de la préparation aux urgences publiques, chaque district sanitaire devrait avoir une équipe d’intervention rapide multidisciplinaire outillée, pour justement pouvoir y arriver. D’où donc la formation en cours », poursuit le Dr. Ntwari.

 

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Le Dr. Alcade HATUNGIMANA, Médecin Chef du District de Kabezi se souvient de cette période où une information faisant état d’un cas suspect de la Maladie à Virus Ebola à l’Hôpital de Kabezi avait ébranlé le pays entier. Ledit suspect était arrivé tard dans la soirée, présentant des symptômes similaires à ceux d'un malade de la MVE, et la nouvelle avait inondé les médias sociaux du pays, semant le doute et la panique. « Il nous a fallu attendre des heures avant l’arrivée de l’EIR dépêché par le Ministère, pour procéder aux investigations et faire les prélèvements pour le diagnostic. » Raconte-t-il. « Au final, le cas était négatif, mais le mal était déjà fait et l’information avait circulé dans tout le pays, créant la panique dont on se souvient sous. Si on avait eu toutes ces connaissances et les capacités au niveau du district, on aurait pu minimiser l’impact et gérer ce cas dans les délais » Poursuit le Dr. Hatungimana.

La formation a porté sur plusieurs modules d’intérêt pour les participants ; les récipiendaires ont été introduits et formés entre autres sur la composition et rôles des membres d’une équipe d’intervention rapide, la surveillance épidémiologique de la Covid-19 et autres urgences de santé publique, la recherche active des cas et des contacts, ainsi que les étapes clés de l’investigation d’une épidémie. Chacun des 5 district était représenté par 10 personnes aux compétences variées, comprenant un médecin, un infirmier, un laborantin, un chauffeur, un brancardier, un psychologue et un communicateur social.

« Jamais je n’avais envisagé qu’il me fallait une équipe au complet pour mener une mission d’intervention rapide dans mon district ; je n’y prêtais même pas attention », nous dit le Dr. Jean Paul Nsengiyumva, Médecin Chef de District d’Isale. « Quand on nous signalait un cas suspect, je me contentais de constituer une équipe d’un hygiéniste et d’un médecin pour aller investiguer. Je ne savais pas qu’il fallait avoir un laborantin, ni même un communicateur social .. Désormais, je sais comment constituer une EIR, comment attribuer des rôles, j’ai une idée par rapport aux erreurs à ne pas commettre… C’est dire à quel point ces formations sont d’une grande utilité pour les prestataires au niveau des districts, surtout pour nous qui sommes gestionnaires des EIR », confie le Dr. Nsengiyumva.

A l’issue de la formation, les participants ont fortement émis le souhait de voir ces formations suivies d’actions concrètes, pour rendre les EIRs de districts véritablement opérationnels. Ils ont notamment demandé à ce que le niveau central et ses partenaires assurent le déploiement des équipes formées à travers des appuis en équipements et moyens logistiques nécessaires à la conduite des interventions sur le terrain. 

 

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Communications Consultant, WHO Burundi
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