Célébration de la 11e Journée Africaine de Médecine traditionnelle
Hisser la Médecine traditionnelle au rang d’une pratique médicale bénéficiant de l’apport de tous les instruments de mesure de qualité, d’innocuité et d’efficacité
« En décrétant la Journée Africaine de Médecine Traditionnelle, l’OMS participe assurément au processus international de revalorisation des savoirs endogènes thérapeutiques. Elle nous invite ainsi à travailler quotidiennement pour l’implication des praticiens de la Médecine traditionnelle dans les systèmes de santé nationaux. Pour ce faire, il est important de conférer à l’exercice de la MT, un cachet scientifique qui la hisse au rang d’une pratique médicale qui bénéficie de l’apport de tous les instruments de mesure en matière de qualité, d’innocuité et d’efficacité des remèdes issus de la pharmacopée traditionnelle africaine ». C’est ce qu’a déclaré le Secrétaire général du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, Mr Moussa Mbaye, qui a présidé le 31 aout 2013 dans les locaux de l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire à Dakar, la célébration de la Journée Africaine de la Médecine traditionnelle sur le thème « « Recherche-développement en Médecine Traditionnelle ».
Il y’avait à ses côtés le Directeur de la Lutte contre la Maladie du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, le Dr Malang Coly, Conseiller chargé de la Lutte contre la Maladie du Bureau OMS/Sénégal, représentant le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, Représentant de l’OMS au Sénégal, le Conseiller EDM, le Représentant de la Fédération des Associations de tradipraticiens du Sénégal et le Représentant des ONG oeuvrant en faveur de la promotion de la médecine traditionnelle. Plusieurs tradipraticiens, universitaires, professionnels de la santé et journalistes ont participé à la cérémonie.
Pour Mr Moussa Mbaye, la création de deux nouvelles Divisions chargées de la Médecine Traditionnelle et de la Pharmacopée Traditionnelle, traduit la volonté politique des autorités sanitaires nationales de les promouvoir et de les valoriser dans le système national de santé en créant un élan favorable à l’implication du système traditionnel dans le processus du développement sanitaire. Il s’agit aussi de combler un vide juridique par la mise en place d’un cadre légal de régulation de l’exercice et de la pratique de la médecine traditionnelle pour rendre plus opérationnelles toutes les synergies de promotion et de valorisation.
Abordant le thème de la JAMT 2013, le Secrétaire général du département de la Santé a souligné que la recherche-développement sur la médecine traditionnelle doit bénéficier d’une plus grande promotion et d’un plus grand appui par une exploitation plus poussée des ressources riches et variées en plantes médicinales. Ce qui peut contribuer à la découverte et à la mise au point de nouveaux médicaments dont l’efficacité, l’innocuité et la qualité sont prouvées. Le faible pouvoir d’achat des populations africaines et le coût élevé des prestations de santé, justifient l’intensification des recherches sur les plantes médicinales dont les vertus thérapeutiques ont été démontrées.
Sur le plan de la coopération sous-régionale, Mr Mbaye s’est réjoui des progrès accomplis dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme Médecine Traditionnelle de l’OOAS, progrès parmi lesquels il a cité l’élaboration de l’ouvrage « Pharmacopée d’Afrique de l’Ouest » qui vient d’être publié par chercheurs et experts de la MT.
L’OOAS vient également de finaliser l’inventaire des plantes médicinales à efficacité prouvée dont l’examen critique va aboutir à la proposition de laboratoires sélectionnés, de 69 formulations couvrant 42 pathologies de l’espace CEDEAO.
Auparavant, le Dr Malang Coly, Conseiller chargé de la Lutte contre le Maladie, avait, au nom du Représentant de l’OMS, délivré le message du Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, le Dr Luis Gomes Sambo qui a souligné les progrès remarquables réalisés dans la recherche-développement en médecine traditionnelle comme en témoignent la création, en 2012, d’instituts de recherche en médecine traditionnelle dont le nombre était passé à 28 par rapport à 18 en 2000.
Durant la même année, treize pays utilisaient les résultats de la recherche pour autoriser la commercialisation de certains produits de la médecine traditionnelle pour le traitement du paludisme, du diabète et de la drépanocytose ; et huit pays avaient inscrit des produits de la médecine traditionnelle dans leurs listes nationales de médicaments essentiels, contre 1 seul pays en 2 000.
Afin de combler l’insuffisance de financement de la recherche-développement sur la médecine traditionnelle, le Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique a lancé un appel aux gouvernements, chercheurs, praticiens traditionnels et conventionnels de la santé, organisations non gouvernementales, communautés et partenaires au développement. Un appel à partager des informations et des expériences sur la recherche-développement sur la médecine traditionnelle, à planifier des projets de collaboration et à mobiliser les ressources nécessaires à la génération de connaissances et de nouveaux produits de la médecine traditionnelle.
Tout en mettant en exergue, les efforts faits par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, le Dr Coly a indiqué que d’autres progrès importants sont encore attendus du Sénégal, notamment l’adoption de la loi sur la médecine traditionnelle comme souhaité par les acteurs depuis plus d’une dizaine d’années, la mise en place d’un comité d’experts pour la Médecine traditionnelle et la mise sur le marché de médicaments traditionnels améliorés.
« Par ailleurs le Sénégal a fait une option claire en matière de couverture maladie universelle et élaboré des stratégies d’accélération en vue d’atteindre les OMD. Dans les deux cas, la médecine traditionnelle pourrait contribuer conséquemment à l’atteinte des résultats escomptés », a conclu le Dr Coly.
Mme Salimata Diop, Chef du Département des savoirs et pratiques communautaires à ENDA/Santé et Mr Moussa Nguer, Président de la Fédération des Associations de tradipraticiens du Sénégal (FETRAS), ont fait un vibrant plaidoyer à l’endroit du Secrétaire général, représentant le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, en passant en revue les résultats atteints par les différents acteurs en matière d’utilisation de plantes médicinales sûres et efficaces, de culture de plantes médicinales et de traitements par les guérisseurs.
Selon eux, ces résultats démontrent qu’il est encore possible et plus que jamais utile d’investir dans la recherche pour la promotion de la médecine traditionnelle et la valorisation des plantes médicinales. Parmi ces résultats on peut citer le sirop de « Nguer » et d’autres produits distribués dans des officines de Pharmacie par Enda, la mise en place d’un réseau de vente de médicaments à base des plantes à travers des pharmacies traditionnelles par Rencontre des Médecines. Cet important travail de recherche des ONGs complète celui déjà initié par les Instituts de Recherche que sont : l’Institut Fondamentale d’Afrique Noire (IFAN), l’Institut de Recherche Agricole (ISRA) et le Groupe de Recherche sur les Plantes Médicinales (GRPM) de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université de Dakar. Le GRPM est constitué de chercheurs de 4 laboratoires (pharmacognosie botanique, pharmacologie, toxicologie et galénique) et encadrent essentiellement des étudiants sur la validation de l’efficacité et l’innocuité des plantes médicinales.
Pour les ONG et Associations de tradipraticiens, le Sénégal doit poser des actes forts aussi bien pour la promotion de la recherche que sur le plan législatif en procédant à la création d’un Institut de recherche sur les plantes médicinales, à la désignation d’un relais entre les ONGs et les chercheurs, à l’équipement des laboratoires de recherche, à la création d’une structure de valorisation des résultats de la recherche, à la mise en place de mécanismes qui permettent la protection intellectuelle et le partage des avantages.
Célébration de la 11e Journée Africaine de Médecine traditionnelle