L’Hôpital général de Grand-Yoff à Dakar inaugure son Centre de traitement des déchets biomédicaux
A l’instar de la plupart des pays en développement, le Sénégal est confronté à un véritable problème de gestion des ordures produites dans les villes. Ces ordures se mélangent souvent avec les déchets biomédicaux dont la collecte et le traitement nécessitent une certaine expertise, des moyens logistiques et techniques. Au niveau des structures de santé, le manque de formation du personnel sur la gestion des déchets expose tous les acteurs internes et externes à des risques d’infection.
Ce qui a amené le Représentant de l’OMS, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, à délivrer, lors de la cérémonie d’inauguration, le 11 septembre 2012, du Centre de traitement des déchets biomédicaux de l’Hôpital général de Grand-Yoff du CHU de Dakar, le message suivant : « toutes les personnes exposées aux déchets de soins médicaux dangereux courent, potentiellement, le risque d’être blessées ou infectées. Il faut donc agir pour protéger les personnels de santé, les patients internes ou externes, les visiteurs, les ramasseurs d’ordures, le grand public, et plus spécifiquement, les enfants qui peuvent jouer avec des objets se trouvant dans les déchets à l’extérieur des établissements sanitaires.
Le dépôt des déchets de soins médicaux dans des zones non contrôlées peut provoquer la contamination des sols et des nappes souterraines. Si pendant l’incinération, un filtrage propre n’est pas effectué, l’air peut également être pollué et peut causer des maladies. Ces risques doivent être pris en compte dans le choix de méthodes de traitement et d’élimination des déchets par la réalisation d’une évaluation d’impact environnemental. »
La mise en place du Centre de traitement des déchets biomédicaux de l’Hôpital général de Grand-Yoff s’inscrit dans le cadre de l’exécution du Projet de démonstration et de promotion des meilleures technologies et pratiques pour la gestion des déchets biomédicaux dans les structures de santé, initié par l’OMS, le PNUD et le Fonds pour l’Environnement mondial. L’objectif global du Projet (2008-2011) est de réduire les rejets de dioxines et de mercure dans l’environnement par l’utilisation de technologies modernes et propres à la place de l’incinération et du brûlage à ciel ouvert des déchets biomédicaux qui présentent des risques majeurs pour la santé humaine et pour l’environnement.
L’Argentine, l’Inde, la Lituanie, le Liban, les Philippines, le Sénégal et le Vietnam ont été choisis comme pays-pilotes du Projet. Celui-ci comporte une composante additionnelle qui a été initialement exécutée en Tanzanie et qui a permis de développer, tester et disséminer des technologies non incinératrices de traitement des déchets biomédicaux qui pourront être fabriquées et entretenues dans des pays d’Afrique sub-saharienne avec des équipements et des compétences disponibles localement.
La cérémonie d’inauguration du Centre de traitement a été présidée par le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Pr Awa Marie Coll Seck, en présence du Coordonnateur du Programme national de lutte contre les infections nosocomiales (PRONALIN), du Directeur-adjoint de l’Environnement, représentant le Ministre de l’Ecologie et de la Protection de la Nature, du Représentant de l’OMS, du Représentant de la Coordonnatrice Résidente du PNUD et de l’Analyste de Programme UPM/Produits Chimiques du Centre Régional du PNUD de Bratislava.
« Notre pays a une grande responsabilité à assumer en tant que pays-pilote pour l’Afrique francophone du Programme de démonstration et de promotion des meilleures technologies et pratiques pour la gestion des déchets biomédicaux dans les structures de santé. Il doit atteindre et maintenir l’excellence dans ce domaine pour servir de modèles aux autres pays», a déclaré le Ministre de la Santé et de l’Action sociale. C’est pourquoi, elle s’est félicitée de la coopération exemplaire entre son département et celui de l’Ecologie et de la Protection de la Nature dans la mise en oeuvre du Projet.
Au nom du Ministre de l’Ecologie et de la Protection de la Nature, le Directeur-adjoint de l’Environnement, Mr Ernest Ndione, a cité quelques réalisations majeures fruits de la collaboration de avec le ministère de la Santé : l’évaluation des risques liés aux déchets biomédicaux en 1999, la création du Centre anti-poison de Dakar en 2008, de la co-gestion de l’intoxication au plomb survenue en 2008 dans le quartier de Thiaroye sur mer dans la banlieue de Dakar, la mise en oeuvre du Projet de gestion des dioxines et du mercure (PROGEDIM). Il a renouvelé l’engagement de son département de tutelle à renforcer l’approche multisectorielle avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
«Moteur du développement et facteur de compétitivité économique, le secteur de la santé ne peut pas se permettre de générer des pathologies » a déclaré Mr Francis James qui a pris la parole au nom du Représentant du Coordonnateur Résident du PNUD au Sénégal. Il s’est félicité des résultats probants obtenus par l’expérimentation Projet de démonstration et de promotion des meilleures technologies et pratiques pour la gestion des déchets biomédicaux dans les structures de santé pour lequel le PNUD poursuivra son appui.
Au Sénégal, le Projet a été exécuté au niveau de l’Hôpital général de Grand-Yoff, du Centre de santé Youssou Mbargane Diop de Rufisque et du poste de santé de Sangalcam dans la région de Dakar. La première étape du projet a été la signature d’un décret portant réglementation de la gestion des déchets biomédicaux, la création d’un Groupe national de travail multisectoriel, l’élaboration d’un Plan national d’action.
Au niveau des hôpitaux et districts des Comités locaux de lutte contre les infections nosocomiale (CLIN), des Groupes de travail sur la gestion des déchets et la sécurité des injections et des Plans locaux d’action pour la gestion des déchets d’activités de soins ont été mis en place. Cette première étape a été suivie de la formation des personnels cadres et acteurs par le PRONALIN, l’élaboration d’une Feuille de route globale et le démarrage des activités techniques.
Il ressort des résultats de l’expérience-pilote du Sénégal le développement d’une Autoclave et d’un Broyeur qui permettent de traiter les déchets biomédicaux sans incinération dans les structures de santé.
Le second volet du Projet de démonstration et de promotion des meilleures technologies et pratiques pour la gestion des déchets biomédicaux dans les structures de santé en consiste à l’application des stratégies recommandées pour prévenir et réduire au minimum la production de déchets par les produits contenant du mercure (PROGEDME). Selon le Coordonnateur du PROGEDIME, Mr Ousmane Sow, les mesures suivantes sont des facteurs essentiels dans la gestion écologiquement rationnelle du mercure.
Il s’agit des programmes d’achats de produits sans mercure ou de produits dont la teneur en mercure est réduite au minimum, la séparation, la collecte des déchets contenant du mercure, le stockage dans des conteneurs ou boîtes spécialement désignés, dans un endroit bien aéré, couvert, protégé et surveillé, l’observance de précautions rigoureuses lors de la manipulation pour éviter l’évaporation et l’écoulement accidentel du mercure dans l’environnement.
Le Sénégal procède actuellement au test d’applicabilité de ces différentes stratégies. Cependant, il devra faire appel à la communauté internationale pour l’élimination des déchets de mercure qui seront stockés car ne disposant pas de la technologie appropriée pour leur élimination.
« Toutes les personnes exposées aux déchets de soins médicaux dangereux courent, potentiellement, le risque d’être blessées ou infectées. Ces risques doivent être pris en compte dans le choix de méthodes de traitement et d’élimination des déchets par la réalisation d’une évaluation d’impact environnemental. »
L’Hôpital général de Grand-Yoff à Dakar inaugure son Centre de traitement des déchets biomédicaux