Les plus jeunes victimes de la crise sanitaire en République centrafricaine

Les plus jeunes victimes de la crise sanitaire en République centrafricaine

« Je rentrais de l’école lorsqu’on a tiré sur mon bus », raconte Niatou Christy Judicael, un jeune garçon de 11 ans qui a été blessé aux deux jambes le 4 novembre lorsque le bus qui le ramenait à la maison a été la cible d’armes automatiques. Du fait de la récente flambée de violence qui frappe Bangui, capitale de la République centrafricaine, un nombre d’enfants toujours plus grand est admis au Complexe pédiatrique de Bangui, le dernier établissement de santé spécialisé dans les soins aux enfants fonctionnant encore dans le pays.

« Nous sommes débordés et souvent nous avons 2 voire 3 enfants qui partagent le même lit », explique Abel Assaye, directeur par intérim de l’hôpital.

Avec à peine plus de 300 lits et seulement 15 médecins, l’hôpital assure gratuitement les services pédiatriques, dont les soins aux nouveau-nés, la vaccination, les soins intensifs, le traitement de la malnutrition et les interventions chirurgicales. Chaque jour, 250 patients sont admis au Complexe pédiatrique de Bangui, la majorité d’entre eux souffrant de paludisme, de diarrhée ou de malnutrition. 

« Du fait de l’insécurité, les centres de soins dans Bangui sont fermés la nuit. Toutes les urgences arrivent dans notre hôpital alors que, dans mon unité, nous n’avons que la moitié du personnel qualifié dont nous aurions besoin », déclare le Dr Marie-Collette Nganda Bangue, chef adjoint de l’unité de soins intensifs. « Nous voyons beaucoup d’enfants atteints de paludisme sévère, de méningite ou d’infections néonatales. »

Enfants en danger

Depuis le début de 2014, la République centrafricaine est confrontée de façon récurrente à des crises qui ont lourdement affaibli un système de santé déjà fragile. Une enquête menée par l’OMS en 2014 a permis de constater que 213 des centres de soins – soit 1 établissement sur 4 dans le pays – ne sont plus en état de fonctionner. Beaucoup d’autres ne fonctionnent plus que partiellement.

La pénurie de professionnels de la santé, les dommages subis par les établissements de santé et l’absence de matériel et de médicaments ont privé beaucoup de gens de l’accès aux soins essentiels.

Sur 1000 naissances vivantes, près de 139 enfants meurent avant leur cinquième anniversaire. En République centrafricaine, les médecins ne sont que 250, soit un médecin pour 20 000 habitants, près de 4 fois moins que la moyenne africaine.

En 2014, seuls 41 % des nourrissons de moins de 12 mois ont reçu tous les vaccins prévus par la vaccination systématique, d’où des flambées de rougeole à répétition dans plusieurs zones du pays.

Déficits de financement

La même enquête de l’OMS a permis d’observer que seule la moitié des établissements de santé secondaires étaient en mesure de fournir des soins traumatologiques d’urgence et que moins de la moitié de l’ensemble du personnel de santé, qui sont des agents de santé communautaires, ont reçu une formation systématique.

« La moitié de tous les établissements de santé qui fonctionnent dans le pays bénéficient du soutien d’un partenaire humanitaire, ce qui signifie que le secteur de la santé est extrêmement dépendant de l’aide financière extérieure », explique le Dr Michel Yao, Représentant de l’OMS en République centrafricaine. « Les déficits de financement actuels pourraient priver de soins des centaines de milliers de personnes. »

Pour pallier l’absence de ressources et de compétences, l’OMS a mis en place 3 bureaux sur le terrain et prévoit d’en ouvrir 2 autres. Ces équipes ont joué un rôle essentiel pour détecter les flambées de maladie et y répondre. Depuis le début de la crise, l’OMS a fourni plus de 300 tonnes de fournitures médicales aux centres de soins et aux organisations non gouvernementales dans toutes les régions de la République centrafricaine.

Toutefois, le déficit de financement est énorme. En 2015, les partenaires de la santé en République centrafricaine ont lancé un appel pour réunir US $63,2 millions mais, à la mi-novembre, moins de la moitié de ces fonds avaient été reçus. 
« L’OMS apportait un soutien financier au Complexe pédiatrique de Bangui, mais nous avons dû mettre un terme au projet il y a six mois par manque de fonds », indique le Dr Yao.

« Notre Gouvernement fait ce qu’il peut mais nous avons encore besoin de l’aide extérieure et nous sommes reconnaissants envers toutes les organisations humanitaires qui travaillent avec nous », conclut M. Abel Assaye du Complexe pédiatrique de Bangui, qui est actuellement financé par Action contre la faim, l’organisation italienne Emergency, Médecins sans frontières, l’UNICEF et l’OMS.

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Pour plus d’informations, veuillez contacter:
Le Dr Couillard Cory, courriel : couillardc [at] who.int 
Tarik Jasarevic, portable : +41 793 676 214, courriel : jasarevict [at] who.int 

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