Crise humanitaire au Burkina Faso : l’OMS effectue une visite de terrain à Dori et dans la région du Centre Nord

Crise humanitaire au Burkina Faso : l’OMS effectue une visite de terrain à Dori et dans la région du Centre Nord

Le Burkina Faso fait face depuis quelques temps à un défi sécuritaire qui touche l’ensemble des régions et qui occasionne des mouvements massifs de populations. Dans ce cadre, un système de gestion des incidents a été mis en place au sein du bureau de l’OMS pour apporter un appui technique aux autorités sanitaires du pays dans la gestion des préoccupations sanitaires liées aux mouvements de population.

 

Dans le cadre du suivi de mise en œuvre des activités sur le terrain et pour une meilleure coordination, l’Incident manager  le Dr ITAMA MAYIKULI Christian a effectué une visite de terrain avec son équipe du 23 au 26 septembre 2019  à Dori et dans la région du Centre Nord. Au cours de cette visite, l’équipe a rencontré respectivement  les chargés  des urgences humanitaires de l’OMS à Kaya et à Dori, la Direction régionale de la santé du Centre Nord, le CHR de Kaya.  L’équipe de la mission a rendu  également visite aux agences du Système des Nations Unies officiant à Kaya : l’UNCHR, l’OIM, l’UNFPA, le PAM et des  ONG qui travaillent dans le secteur de la santé, en l’occurrence : VIM Plus/ Save the Children ; Médecins du monde Espagne, Terre des hommes, VIM+ (Victoire sur la malnutrition)+ et la Croix rouge burkinabé et deux  sites abritant des déplacés internes (PDI) à Dori et à Pissila. Partout où l’équipe est passée, les échanges ont porté essentiellement sur la situation sanitaire, la prise en charge des déplacés et les défis.

Le district sanitaire de Dori a enregistré environ 4000 personnes déplacées depuis quelques mois qui bénéficient de l’assistance humanitaire dont les vivres, les abris et de soins sanitaire de base gratuitement. . Un nouvel afflux de 239 personnes déplacées encore sans assistance à l’exception des soins de santé de base a été constaté. Les partenaires des autres secteurs à savoir le HCR, le PAM et l’OIM ont été informés pour programmer de l’assistance humanitaire à ces derniers déplacés.

Dans le district sanitaire de Kaya, il est dénombré, sur un total de 41 formations sanitaires, 05 fermées et 02 qui fonctionnent à minima. Les PDI bénéficient d’une prise en charge gratuite remboursée partiellement par l’Action sociale. Cette prise en charge gratuite est confirmée par des déplacés internes de Pissila qui abritent environ 23 700 déplacés. 

Toutefois, les défis restent énormes, amplifiés par le mouvement d’humeur que connait actuellement le secteur de la santé dont voici les principaux :

  • la prise en charge des cas sévères référés reste très difficile et les actes chirurgicaux majeurs en particulier dans les 2 hôpitaux régionaux (Kaya et Dori) ne sont plus réalisés depuis plus de 2 mois.  Ces hôpitaux font également face à l’afflux des blessés de temps à autres ;
     
  • la banque de sang est opérationnelle à Kaya mais inexistante à Dori ;
     
  • une surutilisation des ambulances dans les 2 hôpitaux dont la plupart sont en pannes ou hors usage actuellement ;
     
  • une faible implémentation des activités de dispositif minimum d’urgence DMU dans le cadre de la santé de reproduction en faveur des déplacés dans la Région du Sahel ;
     
  • une limitation financière d’accès aux soins de santé en cas de référence ou de prise en charge de la maladie chronique ;
  • une psychose relative aux éventuelles attaques des assaillants est présente chez les déplacés de Pissila ;
     
  • la prévalence de la malnutrition aigüe serait très élevée dans la zone enclavée de Foube, Kelbo et sans assistance humanitaire depuis plus d’un mois suite à la présence des mines sur ces axes ;
     
  • la difficulté du suivi épidémiologique suite à la non disponibilité des données  du fait de la grève du secteur santé.
     

Face à ses défis, l’équipe IMS propose :

  • de réaliser une analyse plus large et de l’évaluation de l’assistance sanitaire à travers  les volets (préventif, promotionnel et curatif) avec une idée sur le fonctionnement des autres secteurs.  Les gaps critiques feront l’objet des démarches appropriées pour le comblement des dits gaps par les partenaires ou par l’OMS ;
     
  • d’envisager si possible un appui d’une équipe médicale d’urgence à partir de l’extérieure. Il est difficile de mettre en place cette équipe à partir des personnels locaux qui sont actuellement régis par la grève. L’équipe serait affectée prioritairement au Centre hospitalier régional de Kaya ;
     
  • d’élaborer et mettre en œuvre un plan de contingence relatif à la prise en charge de l’afflux des blessés dans les  deux hôpitaux ;
  • de renforcer de la capacité du CHR de Dori en transfusion sanguine à travers un projet (Réfrigérateur banque de sang, réactifs & consommables, sensibilisation de masse, mise en place des réseaux de donneurs bénévoles du sang) ;
     
  • de prévenir l’absence des moyens de référence à travers l’appui à l’entretien et à la réparation des ambulances. Envisager la location si nécessaire ;
     
  • de renforcer les DMU en faveur des PDI dans la région du Sahel ;
     
  • de développer la stratégie de « cash flow » en faveur des ménages avec risques sanitaires prévisibles (maladies chroniques ou grossesse) ;
     
  • de développer un programme de soutien psycho social y compris les activités récréatives à cette communauté.
     

Enfin, il s’avère nécessaire de  poursuivre le plaidoyer en faveur de déminage  des zones d’accès limité afin de faciliter l’accès humanitaire.

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Dr Kambiré Chantal

Dr KAMBIRE Marie Chantal

DPC

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