Prendre des mesures correctrices pour réduire les inégalités sociales de santé qui menacent la cohésion sociale et empêchent la réalisation des OMD en Afrique
Dakar a abrité du 21 au 23 mai 2013, le Colloque francophone international sur les inégalités sociales de santé en Afrique organisé par l’ONG Action pour le Développement (ACDEV), en collaboration avec le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, l’OMS et d’autres partenaires.
« La santé étant reconnu comme un facteur et un produit du développement, on ne peut rester insensible à sa mauvaise répartition dans une société. Aussi, l’OMS a-t-elle tiré sur la sonnette d’alarme dans le Rapport sur la santé dans le monde de 2010. Selon le document, des millions de personnes sont privées de services de santé nécessaires car ils sont géographiquement inaccessibles ou elles doivent payer au moment où elles doivent en bénéficier».
Ces propos ont été tenus par le Représentant de l’OMS au Sénégal, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, dans son allocution au cours de la cérémonie d’ouverture du colloque.
Pour le Représentant de l’OMS, des mesures correctrices doivent être apportées à ces inégalités en matière de santé qui menacent la cohésion sociale, afin d’accélérer la réalisation des OMD pour lesquels la Région africaine enregistre un retard important. D’où l’opportunité de la tenue du colloque de Dakar qui, selon le Dr Diarra-Nama, s’inscrit dans le sillage de la Stratégie régionale de l’OMS « Agir sur les principaux déterminants de la santé » adoptée en 2010 par les Etats membres de la Région africaine de l’OMS. Elle a appelé les décideurs à exploiter les recommandations qui seront formulées à l’issue de la rencontre, vu la dimension politique attachée à la question des inégalités en santé.
L’objectif du colloque était de créer un cadre d’échange de connaissances et de partage d’expériences sur les causes des inégalités sociales de santé ainsi que sur les stratégies de réductions de ces inégalités sociales de santé en Afrique francophone pour une meilleure équité en santé.
En ouvrant la rencontre, Mr Mame Abdoulaye Guèye, Directeur de Cabinet du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, a félicité l’ONG ACDEV pour son initiative qui a « permis de mettre en synergie l’expertise de spécialistes de différentes disciplines, venant d’Afrique, d’Europe et du Canada, dont la réflexion va générer des idées novatrices qui aideront à affiner davantage les stratégies en matière de réduction des inégalités ».
Le Directeur de Cabinet a ensuite réaffirmé l’engagement du Ministre de la Santé et de l’Action sociale à soutenir de telles initiatives visant à renforcer le dispositif de protection sociale des populations en leur offrant davantage de possibilités de contrôle de leur propre santé et leur environnement et à les rendre mieux aptes à faire des choix judicieux en matière de santé.
Mr Guèye a, enfin évoqué les efforts déployés par le Sénégal pour faciliter l’accès aux soins de santé aux populations en général et à certains groupes spécifiques en particulier. A ce propos, il a cité le Plan SESAM, mis en place en 2006, pour l’accès gratuit aux soins pour les personnes âgées de 60 ans et plus, la mesure prise par l’Etat pour assurer la gratuité des accouchements et des césariennes dans 13 régions du pays, la Couverture Maladie Universelle que le Président de la République a décidé d’instaurer et pour laquelle des ressources financières sont déjà mobilisées.
Selon le Dr Cheikh Tidiane Athie, Président de l’ONG ACDEV « l’heure n’est plus à l’identification des causes des inégalités et d’iniquités en matière de santé et à la formulation de stratégies visant de façon sectorielle des catégories de populations ».
Pour lui, le colloque de Dakar est une occasion d’échanges d’expertise et d’expériences pour la production de recommandations pratiques et réalistes permettant de jeter les jalons d’un changement de vision prospective. Elles aideront également à alimenter l’Observatoire africain sur les inégalités sociales de santé en Afrique qui sera créé. Il a remercié les partenaires techniques et financiers, notamment l’OMS, dont le Représentant au Sénégal, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, a présidé le Comité scientifique international du colloque.
Dans son intervention, l’Adjoint au Maire de Dakar, a rappelé les dispositions de la Loi sur la Décentralisation et le Code des Collectivités locales qui ont défini de façon précise les missions et les attributions de celles-ci dans le domaine de la santé.
Pour Mr Cheikh Guèye, « la Ville de Dakar est bien dans rôle, avec l’élaboration et la mise en oeuvre d’une politique de santé urbaine, la création de la Direction de l’Action sanitaire et des Services aux Personnes, l’investissement d’importantes ressources financières dans la réalisation d’infrastructures sanitaires, l’acquisition d’équipements et le recrutement de personnels ».
Afin de mieux satisfaire les besoins des populations, la Ville de Dakar appuie la diversification de la prise en charge médicale et sociale ainsi que l’application d’une tarification sociale des prestations tenant compte des revenus et des groupes défavorisés.
Les travaux du colloque se sont déroulés sous forme de communications en plénière, tables rondes et symposiums sur diverses thématiques. Traitant du thème « Regard sur les inégalités sociales de santé », le Pr Mouhamadou Fall, Maître de Conférence à l’Institut Population, Développement et Santé de la Reproduction de l’Université de Dakar, a rappelé les définitions des concepts d’inégalités sociales de santé, de populations pauvres, précarisées, marginalisées, proposées par l’OMS.
Après avoir expliqué la notion de mortalité différentielle qui varie en fonction du sexe, du milieu de résidence, de l’ethnie, du niveau d’instruction, de la catégorie socioprofessionnelle, du statut social, etc, le Pr Sall a insisté sur la responsabilité de l’Etat en ce qui concerne l’élaboration et la mise en oeuvre des politiques publiques permettant de réduire les inégalités sociales.
Dans sa communication sur « Les inégalités de santé en Afrique », le Dr Chandralal Sookram de HPR/AFRO a souligné la charge de morbidité et la charge de mortalité élevées dans la Région africaine de l’OMS liées aux maladies transmissibles et non transmissibles, et leurs causes sous-jacentes : la pauvreté, la faible performance des systèmes de santé, le manque d’assainissement et les difficultés d’accès à l’eau, la persistance de comportements nuisibles à la santé, les conflits, la mal gouvernance, etc.
Selon lui, l’’amélioration de la situation sanitaire passe par le contrôle les déterminants de la santé dont plusieurs relèvent d’autres secteurs que celui de la santé : la réalisation des infrastructures de base, l’éducation, de l’élévation du niveau de vie, l’amélioration des conditions de travail et de logement, qui ont des liens étroits avec la santé des populations.
Le Colloque francophone international sur les inégalités sociales de santé en Afrique s’est achevé par l’adoption de la Déclaration de Dakar dans laquelle les participants interpellent les décideurs de la Région africaine et recommandent la prise de mesures permettant de réduire les inégalités sociales de santé, conformément aux stratégies de l’OMS.