L’OMS mise sur les femmes leaders communautaires pour une large diffusion des mesures simples et efficaces de sécurité sanitaire des aliments
Une quarantaine de femmes leaders communautaires (responsables de Groupements d’intérêt économique, de Groupements de promotion féminine, d’Unités de transformation de produits alimentaires) en provenance des 13 régions sur les 14 que compte le Sénégal ont suivi du 05 au 06 septembre 2012 à Dakar une formation de formateurs sur les « Cinq clefs pour des aliments plus sûrs » et sur les « Cinq clefs pour promouvoir la santé en prévenant la contamination microbiologique lors de la culture des fruits et des légumes ».
L’atelier de formation était organisé par le Département Sécurité sanitaire des aliments et zoonoses de l’OMS/Genève, le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, en collaboration avec le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, et le Centre de Recherche et de Formation sur les PVVIH du CHU de Fann de Dakar.
Cette rencontre entre dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme de formation de l’OMS destiné à prévenir les maladies d’origine alimentaire qui enseigne les méthodes et techniques de communication à des formateurs afin d’améliorer leurs aptitudes à diffuser, dans le cadre de leurs fonctions, les consignes pour manipuler et préparer les aliments en toute sécurité à l’intérieur des foyers et lors de la culture des fruits et légumes.
En ouvrant la rencontre, au nom du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Conseiller technique N°1, le Dr Mandiaye Loum, s’est réjoui de la forte participation à cet atelier de femmes leaders communautaires. Il s’est dit convaincu qu’au sortir de la formation, ces femmes leaders partageront les acquis avec les membres de leurs groupements et associations et apporteront une précieuse contribution à l’adoption et à l’application généralisée des mesures efficaces pour veiller à la sécurité sanitaire et à la qualité des aliments afin de sauver des vies.
Le Conseiller technique N° 1 a transmis les remerciements du Gouvernement sénégalais à l’OMS pour la priorité qu’elle accorde à la sécurité des aliments qui constitue une préoccupation majeure. En effet, a-t-il ajouté, le Plan national de développement sanitaire 2009-2018 met l’accent sur « la promotion d’un régime alimentaire suffisant et varié, comportant les micronutriments nécessaires, la promotion de modes de vie sains, la prévention, le dépistage précoce et la prise en charge des maladies infectieuses et parasitaires ».
De son côté, le Représentant de l’OMS au Sénégal, Le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, a souligné que la sécurité sanitaire des aliments est « un enjeu important de santé publique. En effet, chaque année, des millions de personnes tombent malades, et beaucoup décèdent, après avoir ingéré des aliments impropres à la consommation. Au cours de la dernière décennie, de graves flambées de maladies d’origine alimentaire ont été rapportées à travers le monde, le nombre de cas augmente sensiblement. Les diarrhées provoquées par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés tuent environ 2,2 millions de personnes chaque année, dont 1,9 million d’enfants ».
Auparavant, le Représentant de la Drug and Food Administration des Etats-Unis, Mme Marjorie Davidson, avait déclaré dans son allocution qu’aucun pays dans le monde n’est épargné par les problèmes liés à l’insuffisance de sécurité sanitaire des aliments.
Les travaux de l’atelier de formation de formateurs se sont poursuivis avec trois communications. La première a été présentée par le Dr Awa Aïdara Kane, Coordonnatrice de l’Unité Sécurité sanitaire des aliments et zoonoses de l’OMS/Genève. Après avoir défini le concept de sécurité sanitaire des aliments comme étant « l’assurance qu’il n’ya pas de dangers pour les personnes qui manipulent ou consomment des aliments », elle a ensuite passé en revue les divers agents en cause, parmi lesquels les pesticides, les allergènes, les résidus de médicaments.
Pour le Dr Aïdara Kane, la contamination des aliments peut survenir à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, depuis la culture à la préparation, en passant par le transport, la fabrication, le stockage, la distribution et la vente. La Coordonnatrice de l’Unité Sécurité sanitaire des aliments et zoonoses de l’OMS/Genève a particulièrement mis l’accent sur la nécessité d’une approche multisectorielle et pluridisciplinaire pour garantir l’efficacité des politiques de sécurité sanitaire des aliments dont les principaux axes sont la surveillance, la mise en place d’un système d’alerte, la mise en oeuvre de programmes de renforcement des capacités des acteurs, de programmes de communication et de prévention et le respect des normes établies.
La Stratégie pour la sécurité sanitaire des aliments de la Région africaine de l’OMS qui vise à aider les Etats membres à renforcer le contrôle de la chaîne alimentaire et quelques initiatives prises au niveau des pays ont ensuite été présentées par le Pr Patience Mensah, Conseiller régional Nutrition et Sécurité alimentaire du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Ces initiatives ont consisté en des actions d’éducation et de renforcement des capacités dans la manipulation hygiénique des aliments en milieu scolaire, dans des établissements de restauration, dans des structures de santé, au cours d’épidémies de choléra et de rassemblements humains (Coupe d’Afrique des Nations de football).
Dégageant les perspectives, le Pr Mensah a indiqué que le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique poursuivra son assistance technique aux Gouvernements dans la mise à l’échelle d’expériences réussies, dans la mise en oeuvre de nouvelles initiatives ciblant les filles et les femmes en particulier et dans l’élaboration de matériels de formation destinés aux groupes vulnérables, dont les personnes vivant avec le VIH/sida.
La troisième communication a été délivrée par le Pr Bernard Diop du Service des Maladies infectieuses du CHU de Fann de Dakar qui a fait l’état des lieux de la sécurité sanitaire au Sénégal. Il ressort de la communication, l’absence d’une structure nationale de coordination de l’action des différentes structures chargées la sécurité sanitaire des aliments au niveau du ministère de la Santé, du ministère du Commerce, du ministère de l’Agriculture, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et du secteur privé.
Malgré la richesse du cadre juridique national en lois, décrets et arrêtés, celui-ci souffre d’un manque d’harmonisation. Au nombre des recommandations faites par le Pr Diop, figurent, notamment, le renforcement de la volonté politique, la modernisation des structures de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments, le recyclage du personnel, l’harmonisation des normes par rapport au Codex Alimentarus, le développement du partenariat public-privé, l’introduction de l’enseignement des mesures d’hygiène à tous les niveaux du système éducatif national, l’éducation et la formation des individus, des associations de consommateurs et des professionnels des différents secteurs.
Selon Mme Françoise Fontannaz, Responsable du Programme de promotion de la sécurité alimentaire pour les consommateurs à l’OMS/Genève, un film vidéo sera produit sur l’atelier de formation de Dakar et diffusé pour promouvoir l’initiative du Sénégal et encourager les autres pays à la suivre.
Madame Oumy Barro Diop, Présidente du Cadre de Concertation des Organisations de Femmes du Département de Dakar a remercié, au nom des participants qui ont reçu des attestations, le Ministère de la Santé et de l’Action sociale et l’OMS d’avoir organisé la session de formation qui représente, selon elle, une grande première. Elle a annoncé la création d’une Alliance nationale des Femmes leaders pour la Sécurité sanitaire des aliments et s’est engagée à mettre en oeuvre un Plan d’action sur la sécurité sanitaire des aliments et la promotion de la santé en prévenant la contamination microbiologique lors de la culture des fruits et des légumes. Un plan auquel le Représentant de l’OMS au Sénégal a promis d’apporter l’assistance technique nécessaire.