EBOLA : comment améliorer la riposte multisectorielle à Mbandaka et dans le reste du pays par le biais d’une cartographie participative liée aux mouvements de la population
MBANDAKA, 30 MAI 2018. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), avec l’appui du Programme national de l’Hygiène aux Frontières (PNHF) ont formé plus de 70 acteurs multisectoriels sur la cartographie participative en rapport avec les mouvements de la population. Parmi eux, les chefs des ports et des différents services de migration basés à l’aéroport, les responsables des petits et grands marchés, les membres de la communauté, les infirmiers, les hygiénistes, les enseignants, les religieux des différents lieux des cultes, les responsables des parkings etc. de la ville de Mbandaka.
L’un des objectifs majeurs est d’identifier les points de passage et rassemblement des voyageurs les plus importants, en fonction de leur volume et de leur connexion d’une part et, d’autre part, de repérer les directions des mouvements de la population vers et à partir de ces points, afin de renforcer les interventions nécessaires pour contenir rapidement la maladie à virus Ebola qui touche la Province de l’Equateur depuis la Déclaration de l’épidémie le 08 mai 2018. ‘‘Nous sommes tous ici pour mutualiser nos efforts pour qu’à partir de l’identification de ces points prioritaires, nous soyons capables de prévenir la propagation de la maladie à virus Ebola dans les autres zones de santé de l’Equateur, ainsi qu’ailleurs dans le pays,’’ a indiqué le Dr Teresa Zakaria, facilitatrice de l’OMS pour l’atelier. Avant d’expliquer aux participants que le risque de contamination du virus mortel demeurait ‘‘toujours très élevé là où il y a où un rassemblement de beaucoup de gens et où, dans le même temps, les mesures de prévention de la maladie étaient faibles.’’
‘‘La cartographie va fonctionner sur la base des secteurs auxquels vous appartenez, en priorisant les sites où vous constatez souvent une présence massive des personnes pour que nous puissions protéger Mbandaka, le reste de la Province de l’Equateur et l’ensemble du pays face à l’épidémie en cours,’’ a indiqué de son côté le Dr Patricia Matoka du PNHF. Elle estime qu’un autre atelier de renforcement des capacités du même type est prévu dans la zone de santé de Bikoro, également touchée par l’épidémie et distante d’au moins 130 kilomètres de Mbandaka.
‘‘Je suis tellement heureux de voir l’engouement de tous ces gens dans cet exercice participatif. Regardez : là, ils pointent sur la carte imprimée de la ville, en fournissant toutes les informations sur les points de passage et rassemblement détaillés de Mbandaka ; et puis, moi je les ajouterai sur l’image de satellite pour une meilleure mise à jour validée, car eux ils sont sur le terrain qu’ils connaissent bien,’’ explique Christian Shadrack, gestionnaire de l’information à l’OIM de la RDC.
M. Paul Bontoke, un des participants, apprécie la tenue de cet atelier de cartographie participative qui pourrait désormais renforcer de manière décisive la surveillance des contacts et cas suspects de la maladie à virus Ebola. Il a l’expérience d’une dizaine d’années au port fluvial de Mbandaka. ‘‘Dans nos ports, les gens arrivent et voyagent dans les embarcations sans vraiment observer les mesures simples de prévention. Cette cartographie est une réponse adaptée en ce moment d’épidémie, et va nous ouvrir les yeux pour mieux renforcer la vigilance contre Ebola dans les jours et mois à venir,’’ estime-t-il.
Mbandaka est une ville bordée de dizaines de petits ports privés le long du fleuve Congo et de la rivière Ruki, où affluent petits commerçants et vendeurs des poissons et d’autres consommables de toutes sortes.
Un travail en synergie avec la communication de risque pour l'engagement des communautés
Depuis plus de trois semaines, les équipes de la communication de risque, mobilisation sociale et engagement des communautés de l’OMS, en étroite collaboration avec divers partenaires, continuent, aux côtés du Ministère de la Santé, de sensibiliser et de former les relais communautaires et les assistants pour la prise en charge psychosociale sur les bonnes pratiques.
Lesdites équipes, formées sur la surveillance à base communautaire et à la recherche active des cas ainsi sur le remplissage des fiches de rapportage, sillonnent les rues et font du porte-à-porte, incluant les différents sites tels les ports, les marchés ou les écoles des trois zones de santé de la ville (Bolenge, Mbandaka et Wangata).
La formation des relais communautaires de la zone de santé de Bolenge par les experts de l'OMS a par exemple permis de sensibiliser plus de 10.455 personnes dont 4.568 hommes, 4.906 femmes et 981 enfants. Ils ont, dans le même temps, visité 1.493 ménages dans le cadre de la surveillance dite 'à base communautaire,' et n’ont détecté aucun événement de santé particulier.
Selon la mise à jour de la situation épidémiologique fournie par le Ministère de la Santé à la date du 28 mai 2018, la République Démocratique du Congo a notifié un total cumulé de 51 cas de fièvre hémorragique dans la région de l’Equateur, dont 35 confirmés au laboratoire, 13 probables et 3 suspects.